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dimanche 3 février 2013

Copé - Fillon : La revanche du Mortainais


Voilà un comté qui a connu bien des luttes fratricides depuis l'époque de Robert de Mortain. Souvenez vous, c’était en 1106, les enfants de Guillaume le Conquérant, (ou Guillaume le Bâtard)  Henri 1er Beauclerc et Robert Courteheuse , son aîné, se disputèrent l'héritage du duché de Normandie après la mort de leur frère, Guillaume II D’Angleterre plus connu sous le sobriquet de Guillaume Le Roux. La bataille de Tinchebray, sur les marges du comté du Mortainais fut déterminante. Guillaume de Mortain, resté fidèle à Robert de Courteheuse, duc de Normandie, affronte les troupes du roi d'Angleterre dans un combat inégal. Vaincu, son comté est confisqué par Henri Beauclerc, roi d'Angleterre, qui devient duc de Normandie. Et vlan! preuve que the « the illegitimate child » ( fils de bâtard dans la langue de Molière ) est aussi vaillant qu’un pure race..

9 siècles se sont écoulés, mais  les discordes et les querelles entre frères ennemis issus du RPR, ce parti fondé en 1976 par Jacques Chirac qui s’empara de l’U.d.r « à la hussarde », sont vivaces. Pour preuve, Beauserge  des Landes convoite le fief d’Albert de Sourdeval, fait comte de Mortain le 14 janvier en l'an de grâce 2013. Depuis, les escarmouches avec son adversaire n'ont eu de cesse. Battu  d'une encolure à cause de la  désertion de trois de ses hobereaux, Beauserge réussit à négocier une trêve le temps de lui permettre de se refaire une santé et d' évaluer une situation qui ne semble pas tourner en sa faveur.  Au bout du compte, le courageux chevalier prend  la décision de quitter le champs de bataille... Un repli stratégique le temps d’en référer au seigneur du Teilleul dont il est le vassal.
 Bien que sur  le déclin, Jean 1er, dit « PtitBize »t, (nom donné par François 1er, gouverneur du grand baillage de la Manche) se révèle être un gentilhomme  de bon conseil notamment en ce qui concerne l’art et la manière de fomenter les coups tordus . Sa devise : « Ne jamais affronter l'adversaire en face »; les coups en douce sont toujours préférables.  "Tes troupes sont inégales" dit-il à Beauserge; "nos soudards n'auront pas raison des armures en inox des combattants d'Albert. Ta seule  alternative  est d'en soudoyer discrètement quelques uns, histoire de rééquilibrer les camps." Il sait de quoi il parle le bougre, un normand n'est pas insensible aux promesses. Il arrive même  que sa fidélité n’a d’égale que son appétit terrien. Et, pour peu que les gars du Mortainais  passent du poiré au calva, alors là, c’est le nirvana

Dans ces conditions pas question de guerroyer si c’est pour finir piteusement comme à Tinchebray. Il faut d’abord évaluer ses forces. Pour commencer, le PtiBize doit monter aux ordres. Derechef, il demande audience au sénéchal, haut dignitaire du duché de Normandie pour lui suggérer de reconsidérer le nombre de représentants au parlement du comté pour chacun de ses fiefs.

Le Sénéchal doit pouvoir accepter de souscrire à sa demande, et d'enjoindre Albert qu'il obtienne une entente cordiale entre ses chevaliers  sur cette répartition. Faute de quoi,  en sa qualité d'officier du Duc, il décide lui même de cette représentation. Qu’à Dieu ne plaise. Une majorité des deux tiers doit approuver sa répartition. Obtenir une telle majorité dans le Mortainais est une tâche difficile pour ne pas dire impossible. Le PtiBize ne le sait que trop bien. La stratégie est délicate mais le nouveau comte de Mortain n'est pas suffisamment rusé pour se défendre. Et voilà le malheureux Albert empêtré dans ses contradictions…

S’il échoue, il est bon pour la robe de bure et des draps de chanvre bien rêches. Bonjour les nuits sans sommeil ! Dans l'Avranchin, Huet DIT « le Breton » petit vassal local, fidèle serviteur du Seigneur auto proclamé Copé 1er, s'indigne pour une fois en silence. Voilà maintenant que l’on s’empare de ses méthodes. Résultat, le voilà bien démuni pour venir à la rescousse d'Albert de Sourdeval dit le Bon d'autant qu'il semble être en disgrâce auprès du sénéchal  en raison des conflits qu'il entretient sur le territoire contre le duc. Alors comment faire ? Intervenir directement mais à quel prix ? À moins d’abandonner ce « Bon Albert »; après tout son avenir personnel ne passe par celui du Mortainais, Au fond, Albert ne pèse pas lourd dans la balance ! En politique tout se mesure.

Et voilà…, jean 1er sera seul sur le terrain pour en faire à sa guise. Il pourra  jouer  avec  la fibre optique pour agiter son réseau en toute discrétion ; L’essentiel est d’éviter l'entente cordiale.  Le sénéchal sera alors dans l'obligation de faire une répartition des chevaliers par fief... Un découpage adapté s'il le faut, qui mettra un terme  aux ambitions d'Albert. Que lui restera-t’il comme solution, sinon de clamer Haro pour contester  et tenter de suspendre la victoire de Beauserge des Landes qui arbore fièrement les armes du Seigneur Fillon? Que pèsera t’il ce pauvre Albert.? Sera t'il au moins écouté faute d’être  entendu? Peut-être. Mais tout de même, quelle triste sortie Sourdeval deviendra un fief de Haubert où il pourra continuer à couler des jours heureux en compagnie de   sa douairière en ressassant le passé ; Robert Courteheuse eut moins de chance; il fut emprisonné par Henri 1er Beauclerc jusqu'à la fin de ses jours. Beauserge a été plus rusé, mais il a intérêt à étayer ses souterrains, un éboulement est vite arrivé.














3 commentaires:

  1. Anonyme2/05/2013

    Fusion et confusion sont très proches; vos explications historiques sont très utiles pour comprendre; si le préfet décide de la répartition prévue par les textes il n'est pas certain que Beauserge ne soit pas obligé de rester dans ses landes. Un maire.

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  2. Vous avez raison; c'est plus compliqué qu'il n'y parait. Si le préfet doit trancher, il appliquera purement et simplement la loi c'est à dire la répartion prévue par les textes. Toutes les communes seront représentées par leur maire et quelques autres bébéficieront d'un nombre d'élus proportionnel à leur population. ce sont probablement les plus gros bataillons qui feront la décision... s'ils s'entendent.

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  3. Anonyme2/08/2013

    Il était inévitable que cette réforme territoriale entraîne des guerres d'égos. Les associations plus ou moins forcées finissent toujours mal en général. Le récit imagé avec les allusions historiques apporte un peu de légèreté à l'affaire. Mais au final, on se rend compte que cela aura du mal à fonctionner dans le temps. Et qui est-ce qui en pâtira ? Les sujets du comté. Comme toujours, cette politique politicienne est pitoyable.

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