Quelques collectivités ont choisi de fusionner dès 2013.
Pourquoi attendre lorsqu'on est prêt?D'autant que l'application d'une réforme visant à fusionner des communautés de communes
deux mois avant le renouvellement des élus en mars 2014 n'est pas vraiment
une idée lumineuse; créer de nouvelles collectivités avec des délégués qui
risquent de n'être plus élus quelques semaines plus tard ne relève pas d'une
stratégie très opérationnelle. C'est le moins qu'on puisse dire.
Cela dit, chacun fait comme il l'entend; les élus des
communautés de communes de Brécey et Juvigny le Tertre ont préféré se regrouper
dès le 1er janvier 2013 pour mettre en marche au plutôt leur projet d'écovallée
défini dans la charte d'Odyssée 21 qu'ils ont conçue en 1995. Quatre communes du canton de Saint
Pois les rejoindront au 1er janvier 2014. Tout était fin prêt pour réussir.
Ainsi, dès l'arrêté du Préfet de la Manche sur le périmètre de la nouvelle communauté issue du regroupement de ces collectivités, les 28 communes concernées se réunissent au cours du dernier
trimestre 2012 pour délibérer sur les trois questions suivantes : le périmètre
de la nouvelle collectivité, la gouvernance et la date de fusion. Un avis
favorable de 50% des communes représentant 50% de la population est nécessaire pour réaliser cette fusion. Seule la commune du Grand Celland refuse le périmètre proposé
par le Préfet et adopté par la Commission départementale de coopération
intercommunale début septembre 2012. L'absence d'avis des communes étant jugée
réponse favorable, deux autres conseils municipaux n'estiment pas utile de se réunir. En conséquence, l'avis de 27 communes représentant 95 % de la
population est favorable... un
plébiscite. Une telle adhésion au projet de fusion manifeste une grande volonté d'avancer et une grande unité;
l'élection de l'exécutif , le 7janvier 2013, confirme largement cette remarquable
entente.
Le Préfet de la Manche prend alors,
fin décembre, son arrêté de création du nouvel Établissement Public de
Coopération Intercommunale (EPCI) du Val de Sée pour le 1er janvier 2013; il appartient désormais
aux élus d'élire l'organe délibérant dans les meilleurs délais. Est-ce le résultat serré des élections conflictuelles du
Mortainais, le 14 janvier, qui déclenchent les difficultés? Toujours est-il
que les services de l'Etat estiment nécessaire à partir de cette date
d'approfondir les textes pour éviter tout recours. Une bonne idée car la presse
ne tarde pas à être alertée et à s'emparer d'informations contradictoires
données par ceux qui peuvent avoir intérêt à
créer la confusion. On peut lire: les élections vont être annulées, le préfet
suspend l'élection, etc... autant d' informations tapageuses mais erronées. De fait,
seul un recours du préfet au tribunal administratif peut entraîner une
annulation si le jugement confirme une mauvaise application de la loi... une
éventualité néanmoins car l'analyse de textes illisibles, qui s'empilent depuis la loi du 16 décembre 2010, révèle de nombreuses incohérences au point d'obtenir des
interprétations différentes des services départementaux et nationaux de
l'Etat, également de l'AMF (Association des Maires de France).
Le département de la Manche n'est pas seul dans la
tourmente. Ce n'est pas rassurant pour autant; on aura tôt fait localement
d'accuser les élus d'incompétence car nul n'est censé ignorer la loi. Cependant,
quand tous les élus sont victimes du même piège, le coupable est celui qui l'a
tendu. En fait, pour ne pas être pris dans la nasse de l'administration, il
fallait distinguer périmètre et gouvernance. Celle-ci exigeait l'accord unanime
des communes à la différence du périmètre. De plus il était indispensable de
définir la répartition des sièges par
communes et d'élire à nouveau les délégués, même si, dès l'instant où les conseils municipaux
choisissaient l'addition des gouvernances des communautés candidates à la
fusion, il devenait implicite que la nouvelle communauté serait gouvernée par
leurs membres. Bien sûr, mais implicite et bonne foi ne font pas force de loi.
On peut évidemment regretter que l'attention des élus
n'ait pas été attirée sur les deux points nécessaires à la recevabilité des délibérations des
communes du territoire concerné: l'unanimité des conseils sur la répartition
des délégués et leur élection. De plus, suite à ces délibérations acceptées par le préfet, son arrêté créant la fusion donne toute légitimité à la nouvelle assemblée pour élire
son exécutif. Ce n'est pas suffisant. En fait tout le monde est piégé par des textes de lois qui
tantôt s'ajoutent , tantôt s'annulent ou se reportent à des textes anciens.
Pour ajouter à l'imbroglio une dernière loi sur la réforme territoriale
est votée dans les derniers jours de décembre 2012. ..
Mieux vaut en rire qu'en pleurer et faire nôtres les
difficultés de l'Etat pour être constructif, à ceci près qu'il nous est difficile d'admettre que les personnels
subissent les conséquences de ces ratés. Les percepteurs s'invitent en effet à la
danse et menacent de retarder le paiements des salaires. Seuls maîtres du jeu en matière
de finances, il entendent bien exister. Trop c'est trop; certains personnels
recoivent leurs salaires le 30 janvier; ils devront s'acquitter de frais bancaires pour impayés. 0n applique les textes mais le pire est évité.
En définitive, pour anticiper d'éventuelles difficultés, les conseils municipaux sont à nouveau
réunis en urgence en janvier (un jour franc sépare la convocation de la réunion) pour désigner
nommément leurs délégués et confirmer leur répartition par commune, pourtant déjà annexée
dans les statuts joints par le préfet à son arrêté du 27 décembre. L'assemblée
plénière de la communauté de communes est alors convoquée le 30 janvier pour
élire le président et les vice présidents .Tout est en ligne. À ceci près qu'un
texte indique le 25 janvier comme date limite pour cette élection. C'est à y
perdre son latin. Il faut en référer à la Direction Générale des
Collectivités Locales (DGCL) car ce qui était possible hier pourrait ne plus l'être
aujourd'hui si on s'en réfère aux textes.
Wait and See. Cette histoire semble absurde et incompréhensible mais
elle explique bien le retard de la France. Décidément, " Le mal français
" écrit par Alain Peyrefitte en 1976 n'a pas pris une ride. Un vœu tout de
même : puisse cette première expérience servir les prochaines fusions.
Épilogue: toutes les communes votent à l'unanimité la
répartition des délégués par commune; elles désignent par vote secret leurs
délégués et les suppléants; le préfet prent acte aussitôt des délibérations par un
arrêté dans la journée du 30 janvier ; l'assemblée plénière se réunit dans la foulée à
20h30 pour élire les membres de l'exécutif; le même président et les mêmes vice
présidents sont réélus brillament. Les élus de la communauté de communes du Val de Sée méritent bien
d'être remerciés; ils ont droit à un verre de poiré acheté en toute légalité chez un
producteur de Husson du nom de TREHET .
Une dose de parité homme/femme dans cette affaire de réélection et la mise en place de ce processus aurait été encore plus compliquée.
RépondreSupprimerMais ce n'est que partie remise car il faudra bien un jour y songer, et surement dans un trés bref avenir.
La parité, une avancée pour notre société, un casse tête pour nos institutions....
Ce ne sera pas une mince affaire dans nos communes rurales. Lorsque la recherche d'égalité tombe dans l'égalitarisme cela devient une erreur. Pour être juste, il faudrait alors également des quotas dans les examens.. Nous manquons de médecins, de vétérinaires car les femmes deviennent plus nombreuses dans ces professions. Cela a une incidence sur la couverture médicale ; de même pour la présence vétérinaire dans le milieu rural. C'est pourtant une priorité.
RépondreSupprimerDans bien d'autres domaines les textes s'empilent; ils vont faire crever la France avec l'aide de fonctionnaires zélés payés par elle. Elle se paie la corde et le bourreau
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