DIPLOME n'est pas FORMATION. FORMATION n'est pas TALENT...

Le diplôme ne fait pas tout

Mon propos est motivé par  la situation d'une jeune femme de 23 ans, sans diplôme, démotivée par la rencontre qu'elle vient d'avoir avec l'employée diplômée du Pays de la Baie du Mont Saint-Michel, responsable de la plate forme d'initiative locale chargée d'apporter des aides financières aux créateurs d'entreprises.

Petite fille d'un tapissier décorateur en retraite, bien connu  pour son talent artistique et ses aptitudes techniques, elle a, comme beaucoup d'autres jeunes, été orientée par l'Education Nationale sur ses aptitudes intellectuelles et ses résultats scolaires vers une voie sans rapport avec ses motivations et ses  goûts.. Voici quelques semaines, son père s'ouvre à moi de ses inquiétudes sur l'avenir de sa fille en proie à des interrogations  existentielles. Le chômage est là, bien là; s'en sortir passe par une nouvelle orientation professionnelle.

Deux options s'imposent à elle; la première, la plus évidente naturellement pour une jeune femme qui aime les enfants lui est d'abord conseillée : une formation d'aide maternelle. La seconde lui vient de son grand père âgé de 80 ans avec lequel elle aime à travailler depuis sa plus jeune enfance; quelques unes de ses réalisations ont été exposées et vendues ce qui l'a amenée à faire un  stage chez un tapissier décorateur Rennais. De là à s'engager dans cette voie il y a un fossé d'autant que la recherche d'un employeur n'est pas couronnée de succès et que ce métier exige quelques biceps.

Je la rencontre alors pour tordre le cou à des théories obsolètes qui ont mené et mènent encore vers des voies sans issue et la frustration, celle d'être passée à côté de la chance de  pouvoir mettre en adéquation ses aptitudes et ses goûts avec son travail. Trouver du plaisir à travailler et le faire avec passion est un gage de   réussite si la confiance en soi est présente.

Seulement voilà, elle n'a pas de diplôme confirmant ses capacités. Qu'importe, ce métier de tapissier décorateur n'exige pas de diplôme à l'installation. Le directeur de la chambre des métiers la reçoit et la conforte dans l'idée de prendre d'abord le statut d'auto entrepreneur. Le directeur de la PAIO prend la suite, l'accompagne dans son projet et lui conseille de s'adresser au responsable de la plateforme d'initiative locale pour bénéficier des aides auxquelles elle a droit.

Seulement voilà, cette personne a des idées toutes faites : sans diplôme donc sans formation c'est l'échec assuré. Patatras ! La confiance est dans les chaussettes. Il me faut la reprendre, lui tracer son chemin et lui promettre ses premières commandes, qu'elle s'installe dans ma commune ou non; d'ailleurs mieux vaut pour elle s'installer dans l'atelier de son grand père qui aura plaisir à l'accompagner en devenant son tuteur.



Le talent d'avoir de la chance

Un tel exemple montre toute la problématique de l'orientation et du chômage des jeunes qui, pour beaucoup ont un baccalauréat en poche dont ils ne savent que faire. C'est bien beau de vouloir que tout le monde soit bachelier mais c'est utopique de penser que l'égalité des chances c'est d'amener tout le monde sur la même marche quand celle-ci donne sur l'inconnu pour ceux, notamment, qui n'ont pas eu la l'opportunité d'analyser leur potentiel à temps.

L'idéologie égalitariste est un fléau. Tous les jeunes ont une corde qui ne demande qu'à vibrer et à faire vibrer les autres; la question est de savoir à quel moment il faut la découvrir et la mettre en valeur pour éviter à l'enfant ou à l'adolescent d'entrer dans l'échec, de perdre confiance et de vilipender l'école qui n'a pas su ou pas voulu laisser exploser son  talent ou sa créativité. Pas étonnant alors qu'il ne veuille pas y retourner pour faire la formation qu'il aurait du recevoir au moment opportun.

Fort heureusement la jeune femme de cette histoire a été en apprentissage auprès de son grand père. Cela aura été sa chance... Longue vie à ce Papy !