"Je veux être le candidat du peuple de France" nous dit sans rire le candidat Sarkozy. Ce qui revient à dire qu’il ne l’était pas auparavant. Pourquoi le serait-il plus dans le prochain quinquennat? Et comment ?… En racolant les voix auprès de 7,5 millions de petits salariés et en stigmatisant les autres? En faisant les yeux doux aux Smicards, les premiers sacrifiés sur l’autel de la rigueur qui tentent mois après mois de s’en sortir avec au dessus de leur tête l’épée de Damoclès du chômage et du RSA ?
De là à penser que le candidat président est complètement déconnecté des réalités, il n'y a pas loin. A t’il lu au moins ce dernier sondage Ifop pour La Croix sur l’inquiétude des Français quant aux capacités de la France à affronter la crise économique? 79% pensant que leur pays est "en pleine crise", contre 52% des Américains, 38% des Allemands, 38% des Russes et 35% des Chinois.
Après travailler plus pour gagner plus, voici venu le temps du "Vous êtes la France du travail".. Nicolas Sarkozy oppose alors ceux qui travaillent , les « nantis du salariat » aux « assistés » considérés (à demi mot ) comme les salauds de pauvres , réplique célèbre du film la traversée de Paris . Il l’a pensé si fort que mes oreilles l’ont entendu. Jeter l’opprobre sur les plus fragiles serait-elle sa façon à lui d’être le candidat du peuple? A propos, le connaît-il vraiment ce peuple qui lui a fait aveuglement confiance il y a cinq ans ? Ce ne sont pas quelques poignées de mains molles tendues au hasard d’une visite au pas de charge dans une usine qui sont suffisantes pour le connaître. Ni les partisans UMP qui remplissent les salles de ses meetings; ceux là sont les bons représentants de sa France qui travaille tout à sa gloire.
Que sait-il de l’existence de ceux que l’on nomme pudiquement " les bénéficiaires " du RSA. A moins qu’il en inverse les lettres pour en faire un « RAS ». Rien à signaler! En effet ils survivent, condamnés à des TIG, Travaux d'intérêt Général. À l’origine, les TIG étaient réservés pour ceux qui avaient commis un petit délit. Et comme ne pas travailler en devient un, tous les individus sont concernés. Soyons attentifs à ne pas revenir à d'autres temps. Les qualificatifs utilisés par mrs Guaino et Gueant sont souvent très limites ; Ils doivent être attentifs également pour qu'ils ne leur reviennent pas en boomerang.
A titre personnel, en ma qualité de président de la commission du RSA pour le Sud Manche, je touche de près la détresse de ces naufragés de la vie. Bien sûr, dans le lot il y a des tricheurs, il y en aura toujours. Nous les traquons et nous les dénonçons, mais 50% des allocataires du RSA ne demandent qu'à travailler et ne ménagent pas leurs efforts dans leurs recherches d’un emploi. Il faut savoir que 40% ont des problèmes de santé ou familiaux ( femmes battues seules avec plusieurs enfants) dépendance à l’alcool, à la drogue etc. Seulement 5 à 10% sont des cas dits limites. Généraliser à partir des ces cas est indigne.
Il serait illusoire d’imaginer faire gérer ces cas par les collectivités locales . Pour ma part j'ai souhaité participer à l'expérimentation organisée par le gouvernement en recrutant 10 allocataires sur les 50 proposés pour la Manche. La collectivité a du trouver le financement, et s’enquérir d’un référent et d’un tuteur pour accompagner ces blessés de la vie à reprendre confiance en eux et leur donner un travail utile correspondant à leurs compétences. Je suis intimement convaincu que cette expérience peut réussir. Quant à la généraliser aux 1800 allocataires du Sud Manche, c’est une autre affaire. Trouver un travail dans une entreprise à l'issue de l'expérimentation pour des personnes qui ont plus de cinquante ans relève tout simplement de l’exploit.
Voilà pourquoi, je m’insurge contre ces déclarations irréfléchies de la part d’un président de la république. Bâtir sa campagne autour de ce thème est purement démagogique et relève d'un esprit extrémisme. Même aux pires heures de la crise de 1929, aucun dirigeant de la planète n’avait tenu de tels propos. Ce n'est pas convenable... ça augure mal un prochain quinquennat avec Nicolas II au pouvoir. Son discours, trouve cependant une oreille attentive parmi ceux qui travaillent pour un salaire de misère qui, après déduction des tous les frais, ne leur laisse guère plus qu’un RSA.
D’ou cette remarque unanime et de bons sens : « A quoi bon bosser si on est pas payé plus que ceux qui restent chez eux ». Certainement, mais ne pas pouvoir travailler quand on a la santé peut aussi la dégrader. Oisiveté, déprime, alcool divorce…Avec, au bout, trois lettres : S.D.F....
J'ai parfois pensé que les enseignants qui n'avaient pas eu un enfant en échec scolaire étaient parfois moins compréhensifs et ne savaient pas toujours s'attaquer aux racines de l'échec. Il en va de même pour les français qui n'ont pas eu à connaître dans leur entourage ou leur famille un proche en chômage. Bien sûr, il y a des milliers d'emplois qui ne trouvent pas de demandeurs, dans le batiment, les travaux publics et bien d'autres secteurs, mais entre 500000 emplois non satisfaits et plus de 3 millions de chômeurs, il y a certainement comme un Hiatus que, dans son désir de convaincre, notre président n'a pas saisi... la formation c'est bien, la création d'emploi aussi!
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