Et la croissance,
bordel !
Ainsi s'exprime Richard Yunh qui nous annonce 1,2% de croissance
pour la France alors que les Etats-Unis en prévoient 2,5. C'est mieux qu'hier
mais ça manque d'ambition ajoute-t-il quand en même temps le cabinet Korn Ferry nous prévoit un manque à
gagner de 175 milliards d'euros pour la France. Celle-ci se trouvant parmi les 4 pays les plus touchés par
le manque de talents et de salariés qualifiés si l’on en croit l'étude The
Global Talent Crunch qui a analysé la situation de 31 pays. On estime qu'il
pourrait en manquer 1,5 millions en 2030. Les secteurs les plus touchés étant
les services financiers, les services aux entreprises, les médias et les
télécommunications. Mais que l’on se rassure, Bien
que vulnérable, la France est cependant loin d’être la seule touchée par le
phénomène. En Allemagne, le manque à gagner atteint la somme colossale de 516
milliards d’euros d’ici à 2030, soit 14% du PIB, selon l’étude. Une pénurie qui
s’explique aussi par la démographie vieillissante outre-Rhin. Une raison pour
laquelle Merkel a fait marcher l’aspirateur à immigration. La pauvreté qui ne cesse d'augmenter
aurait-elle un lien avec l'orientation et la formation? Sûrement, mais
les entreprises sont aussi mises en cause bien que beaucoup d'entre elles se
heurtent à des verrous qui compliquent leur développement et ne les incitent
pas à innover. Selon
Gérald Bouhourd. “ Loin d’être obnubilées par des questions fiscales, les
entreprises s’implantent et créent de l’emploi là où les compétences et les
talents se trouvent”,
explique-t-il. Face à la pénurie de talents dans un territoire donné, les
entreprises n'hésiteront pas à délocaliser leur centre de décisions et leurs
sièges sociaux. On ne le répétera jamais assez : l'innovation est le moteur du progrès et du
développement en économie comme ailleurs. En politique également où l’on se
contente trop souvent d'être des gestionnaires du quotidien, peu enclins à
anticiper l'avenir. Or c'est bien d'imagination, d'anticipation et d’audace dont
nous avons besoin pour découvrir et former des talents sur nos territoires car
les entreprises créent et s'implantent là où elles trouvent les compétences
techniques et la capacité d'adaptation et d'apprentissage. D'où l’intérêt d’identifier des profils avec non seulement des
compétences techniques mais surtout des “softs-skills” (capacité d’adaptation
et d’apprentissage notamment) toujours selon Gérard Bouhourd. Soyons
innovants me disait récemment un chef d'entreprise qui a cassé les codes dans
son établissement, me faisant l'éloge du « bordel organisé »
qu'il venait d'instituer chez lui pour donner libre cours aux idées et à la
création de ses employés. Finie l'obsession du contrôle mortifère de ses agents
et l'organisation managériale trop rigide. Place à l'autonomie, à la
participation et à la performance. A titre d’exemple, une expérience menée en
Allemagne pourtant réputée pour son conservatisme managérial montre qu’un
groupe autonome qui gère son emploi du temps, son travail, et ses idées est
plus performant que le modèle formaté dans les autres départements de la même
entreprise.
Les chefs
d'entreprises doivent se préparer à faire évoluer leur gouvernance.
Le Plan d'Action
pour la Croissance et la Transformation (PACT) du gouvernement va les y inciter
dans les prochains mois pour leur permettre de grandir et de créer des emplois.
Les seuils applicables aux PME vont êtres enfin simplifiés car ce sont les
entreprises de taille intermédiaires qui créent le plus d'emplois. Elles sont
5800 ETI en France quand il y en a 12500 en Allemagne. Ce PACT est le fruit
d'une méthode inédite de dialogue et de co-construction. Il a l'ambition
de replacer les entreprises au centre de la société en associant mieux les
salariés à leur gouvernance, et à leurs résultats par le développement de
l'intéressement et de la participation. Enfin, sur le papier car la France
reste campée sur ses valeurs administratives hypocrites et les casses têtes qui
vont avec. Les PME croulent sous la paperasserie et les tracasseries de toutes
sortes. Il est temps de donner un grand coup de balais la dedans. De l’audace
bong sang. D’après Korn Ferry responsable industrie
certes les entreprises doivent jouer leur rôle mais c’est aussi à ’Etat de se
saisir de la problématique. Selon lui, "seuls les Etats sont en mesure d’avoir
un impact dessus”. C’est donc au gouvernement de résorber l’écart entre
le système scolaire et le monde de l’entreprise, qui requiert plus que jamais
de la transversalité en termes de compétences, ainsi qu’une forte agilité. Mais l'État ne peut être le seul à rechercher les
meilleures conditions de la croissance et du développement. Les territoires ne
doivent pas perdre de vue que les chefs d'entreprise créent et s'implantent
là où se trouvent les compétences techniques et la formation
professionnelle. Une étude menée par Agnès Duroni révèle que six
entreprises sur dix estiment manquer de talents pour grandir. Ce sentiment est
plus prononcé dans les entreprises de plus grande taille et en croissance. Contrairement
aux grands groupes, le talent ne se confond pas avec le haut potentiel ou le
top manager, mais fait plutôt référence aux compétences, tous niveaux hiérarchiques confondus, pour les dirigeants de PME et ETI. La pénurie de talents
dans ces entreprises concerne d’abord les profils non cadres : 72% des
répondants manquent de profils opérationnels (ouvriers qualifiés, chauffeurs,
techniciens, comptables, conducteurs de travaux, informaticiens…) et 41% de
profils commerciaux. Il est urgent de retrousser nos manches surtout la nôtre.
Il faut aussi beaucoup de talent pour gouverner. C'est un art qui repose sur la confiance en soi et dans les autres. L'ego en est le pire ennemi car il porte le président ou le directeur à ne penser que par lui-même. Il a la science infuse alors qu'il a tant à apprendre des autres. Il arrive que le melon se transforme en citrouille mais quand elle explose les pépins peuvent faire de nombreux dégats. Suivez mon regard.
RépondreSupprimerBien d'accord. Notre société a besoin d'équipes et de leaders qui encourage ses membres à faire émerger leurs idées et à l'empêcher de faire des conneries.
SupprimerL'Éducation Nationale a besoin de se tordre un peu les méninges. Votre collège en a formé beaucoup de talents en sport comme en arts mais quand je lis le dernier article sur mairie de Brécey, c'est encourageant de voir que des enfants peuvent émerger de familles en difficulté. Votre section artistique m'a conduit moi aussi vers la création d'entreprise. Merci à vous et à votre prof d'arts plastiques. Je n'ai pas connu cette Brigitte Catherine mais chapeau pour son parcours et sa réussite. Je vais la contacter.
RépondreSupprimerC'est des articles comme celui là qu'on aimerait lire dans la manche libre ou OUEST France plutôt que les potins des associations et autres sujets sans intérêt
RépondreSupprimerIl y a beaucoup de talents qui s'ignorent, beaucoup de talents sans ambitions mais nombre de talents formés à l'étranger y restent.
RépondreSupprimerEt beaucoup d'ambitions sans talent qui ne connaissent pas leur seuil d'incompétences
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