Wauquiez le gendre idéal

Je n'apprécie pas particulièrement le personnage Wauquiez qui incarne une droite identitaire et populiste installée insidieusement un peu partout en Europe, à commencer par l’Allemagne, un pays précurseur qui a  déjà donné; mais il y en a d’autres, des nostalgiques qui ont eu un passé fasciste et  en redemandent encore. La Hongrie et son Viktor Orban, l’Italie et sa Ligue du Nord et son Berlusconi et le bouffon Pepe Grillo. Reste la France qui frôle l'extrême à chaque élection mais hésite à rejoindre le populisme de l’extrême droite incarné par papa Lepen  et fifille. Et voilà que certains tendent l’oreille aux discours de Wauquiez qui se permet de faire de la politique pendant ses cours . Son côté gendre idéal peut rassurer les déçus de la droite traditionnelle jugée trop molle. Attention tout de même, Wauquiez c’est aussi un discours populiste et dangereux présenté dans un joli paquet entouré d'un ruban rose.   

Je me souviens de ses propos sur les allocataires du RMI qui témoignaient d'une absence manifeste de compassion et de connaissances sur la question . En fait il ne cherchait qu'à plaire à son auditoire en l'abreuvant de propos qu’il voulait entendre. Tout de même, je m'interroge sur les quatre vérités qu'il s'est plu à cracher à ses étudiants à propos des écoutes  de Nicolas Sarkozy. Que ce dernier ait eu envie d'écouter les messages que ses ministres recevaient ou donnaient lorsqu'ils étaient en réunion et que cette tentation se soit concrétisée correspond assez bien au personnage que Buisson à décrit dans son livre.  Wauquiez n'a pas du aller bien loin pour les trouver; il enfonce une porte ouverte  mais la finesse n’étant pas son fort, il a cru bon d'en faire état pour se montrer différent. En fait, Sarkozy n’a fait que perpétuer les barbouzeries et autres pasquaseries, héritage de la guerre aux débuts de la Vè république. Mitterand a été également un maître en la matière.  En revanche, s'excuser auprès de Sarkozy ne le grandit pas. De deux choses l'une : soit Wauquiez est un affabulateur dangereux, soit c'est un " faux dur " et « un faux cul », un de plus, qui a peur de son mentor et des conséquences qui peuvent en découler. Les réseaux Sarkozytes sont très vivaces. Reste qu’une partie des militants n’apprécie guère ce genre de déclarations à un moment où la priorité pour Wauquiez devrait être de gérer la vente du siège des républicains pour combler la dette abyssale de LR auprès des banques. Du coup malaise dans le Landerneau des républicains parisiens.  

Ces turbulences nous les ressentons aussi dans le fin fond de nos provinces mais de façon plus nuancées. Telles ces déclarations lors d’interviews du député et des sénateurs LR  de la Manche que Ouest France a publié jeudi 1er mars en page départementale... trois fidèles Républicains aux tempéraments différents. Philippe Gosselin d’abord qui parle de propos dévastateurs : « Il réprouve   ce show de Wauquiez devant ses étudiants...nous ne sommes pas obligés de tomber dans la facilité" ajoute-t-il. Bof, ce n'est pas méchant…

Philippe Bas, lui, réprouve mais n'attaque pas : "le mieux que l'on puisse faire face à ce genre de propos c'est de les ignorer". Le mépris par le silence c'est bien.  .  Jean Bizet, lui, assume  : "j'ai pris fait et cause pour Nicolas Sarkozy mais j'étais à mille lieues de m'imaginer tout cela » et d’ajouter  "se sentir désabusé n'est pas une raison pour quitter cette famille... moi je lui reste Fidèle"... (à ma famille bien sûr). Nos  trois  parlementaires, comme le disait Alexis de Tocqueville, confirment par leurs propos que les manchois sont "violemment modérés"; ils ont l'intelligence pour comprendre que l'avenir des Républicains n'est pas dans la division. 

Prenons garde cependant car le silence a ses limites;  les macroniens s'en frottent les mains écrit le Canard ( 13/12) relevant les propos de Gabriel Attal, jeune député LRM de Hauts-de-Seine. : Wauquiez c’est la droite identitaire et populiste, la Ligue du Nord sans le charme des pins parasols ».   Certes, la France est faite pour être dirigée au centre pensait Raymond Barre ajoutant « qu'il n'était pas opposé aux partis mais "contre l'esprit de parti". Cela dit, le centre est lui aussi bien divisé et donne à Macron une voie royale pour donner le sentiment aux français de pouvoir enfin se rencontrer et avancer s'il n'oublie pas toutefois que le terreau de la démocratie doit se nourrir de pluralité, de compétences et d'écoute sincère.