En route pour un nouveau Sud Manche

Tout le monde s'accorde sur la nécessité d'organiser la nouvelle Communauté du Mont-Saint-Michel Normandie de manière à favoriser la proximité. Sans oublier la réactivité et la continuité en s'appuyant sur une gouvernance multipolaire constituée de 5 à 6 pôles territoriaux et de pôles thématiques. Sachant qu'il est important de ne pas déshabiller Pierre pour habiller Paul sous prétexte de restructurer le territoire pour être plus efficace. Méfions nous de nos envies et de nos utopies sous prétexte que nous aurons une communauté d’agglomération fut-elle de 89000 habitants. 44% (voire plus de 65%) de son territoire est rural avec une densité  modeste de 35 hab/ km2 alors que la moyenne de la Manche est de 84h/km2 et de 104h/km2 pour la France. Restons donc calme. En revanche, nous devons nous prémunir des risques d'une prise en main administrative de cette collectivité rurale de 158 élus qui se ferait nécessairement au détriment d'une démocratie habituée à s'appuyer sur le bon sens et le bénévolat de ses élus. D'ailleurs beaucoup d'élus s'interrogent  sur les moyens de construire un grand territoire si le projet ne part pas d'une pensée globale qui permet d'agir local dans le respect des diversités, des faiblesses et des atouts de leurs bassins de vie.

 

De la pensée unique à la pensée globale.

Il ne faut pas se mentir, il s’agit d’adopter une nouvelle façon de fonctionner et de gouverner. Nous nous devons d'avoir une vision d'ensemble dans laquelle chacun aura sa place pour défendre ses projets au regard de ses particularités et de ses propres expériences. Du Val de Sée au mortainais et l’avranchin, les particularismes du Sud Manche sont évidemment de différente nature, du fait même de leur situation géographique, de leur histoire et de leur diversité mais tous doivent se rassembler autour d’une vision commune pour sortir le sud manche de son isolement. Territoire profondément normand par son patrimoine, partagé entre le rural et le littoral dont l'économie agricole et touristique a beaucoup profité, la Communauté d'agglomération du Mont-Saint-Michel poursuit sa désertification dans sa partie rurale et se trouve confrontée au départ des jeunes diplômés et à une population vieillissante  A ce propos n'y voyons pas là nécessairement une faiblesse si nous savons innover et  miser notamment sur la silver économie. Il faut reconnaître que nous avons pris du retard dans bien des domaines faute d'infrastructures de communication promises par les  uns ou par les autres, public et privé. Les zones blanches en matière de téléphonie sont un handicap considérable pour notre développement en milieu rural.   

L'économie doit être notre priorité.

Pour autant, cette nouvelle communauté est une opportunité qui doit nous permettre de nous organiser sereinement et de nous structurer, sans attendre la chance miraculeuse. Le développement économique n'est pas le fruit du hasard; je crois fermement aux synergies et à l’idée de réseau pour se développer et permettre à chacun de s’épanouir et bénéficier d’un accompagnement professionnel. Pour un jeune entrepreneur, la réussite économique dépend de deux facteurs essentiels : l’audace et le goût du risque. Et j’en sais quelque chose pour avoir permis à quelques-uns de réussir; c’est pour moi la plus belle récompense. Pour un jeune entrepreneur ce qui compte, c’est l’accompagnement dans le montage de son dossier juridique et financier, et d’avoir face à lui des interlocuteurs qui croient en son projet. C’est là qu’intervient le rôle de l’élu. La rencontre entre une start up et un responsable de collectivité est déterminante dans les tout premiers mois de démarrage. Hélas, beaucoup de collectivités locales sont restées dans l'amateurisme faute de moyens et de veille pour dénicher les bons créneaux. Peu organisées dans de nombreux domaines et en premier lieu dans le secteur de la communication, elles laissent filer des opportunités par manque de réactivité ou par découragement. Se battre pour défendre un territoire demande du temps. Il faut encaisser les coups de ceux qui se répandent  sur les réseaux sociaux twittant et retwittant toujours prêts à bondir sur le plus petit retard d’un projet. Fermez le ban.

Les territoires ruraux n’ont pas à rougir face aux grandes métropoles.Ils ont des atouts humains et de la place que les villes n’ont plus. N’en déplaise à la meute  grincheuse et aboyeuse, notre territoire n’est pas en déshérence. Au contraire, il possède de formidables atouts; nous devrons travailler avec les élus de  sa capitale : Avranches, et de ses centres ruraux déjà bien équipés pour la plupart en structures d'accueil pour la petite enfance et l'éveil culturel. Les médiathèques, les écoles de musique, les piscines, les salles de sport et les associations culturelles et sportives y sont nombreuses... Autant d'éléments qui s'ajoutent à la présence d'un littoral ouvert aux amateurs de nature et de randonnées. Les marcheurs, les cyclistes, les cavaliers y sont nombreux. Le Sud Manche est le berceau du cheval de selle, un autre atout mis en valeur par son élevage et son pôle équin qui rassemble quelques unes des meilleures écuries françaises.

Dans quelques jours, nous passerons à une nouvelle gouvernance qui conditionnera à  son tour les orientations du projet politique dont notre territoire a besoin. Je souhaite que toutes les idées et les expériences soient mises en commun autour d’une idée force de cohésion territoriale.  Nous aurons alors trois années pour relever le pari d'un nouveau Sud Manche.