Ne revenons pas sur les événements qui ont secoué les AIM
dirigés par CAP 50, ni sur les difficultés que les employés ont nécessairement
rencontrées dans un contexte agricole et économique qui ne leur était pas des
plus favorables. En avril 2015 le tribunal les autorisait à reprendre les AIM avec 207 employés, alors qu'il aurait fallu
réduire le nombre d'au moins soixante unités pour atteindre le point mort. Pour se donner
bonne conscience chacun est reparti avec la conviction d'avoir sauvé CAP 50, les abattoirs et ses employés
en leur mettant le pied à l'étrier grâce à la création d'une entreprise
nouvelle constituée d'une société d'employés et d'une Société d'Économie
Mixte : IMAGINE, propriétaire des bâtiments, mais actionnaire
minoritaire au sein d'une SAS chargée de l'exploitation. Ne nous faisons pas d'illusions; beaucoup de spécialistes ne leur donnaient pas plus de six mois pour rendre l'âme. Il fallait
redémarrer de zéro avec une équipe dirigeante active, mais qui découvrait en
même temps le monde implacable de la grande administration et de ses
réglementations. Également celui de la finance, des banques, de la concurrence et d'une
gestion comptable rendue compliquée par la séparation de leur antenne d'Antrain
reprise par la société Collet. Une entreprise dont les comptes sont restés
entremêlés pendant plusieurs mois avec ceux de la nouvelle société AIM, paralysée pour bien évaluer ses comptes ? Les difficultés administratives se sont accumulées; C'était
couru d'avance, comme les déficits qu'il a fallu essuyer au cours des 6 premiers
mois, le temps de se refaire une santé et de regagner la confiance d'une clientèle en attente de sécurité...
Une situation rendue d’autant plus difficile que les fournisseurs dans leur
grande mansuétude exigeaient d’être payés « au cul du camion » comme
l’on dit. Contre toute attente, aidés par quelques bonnes volontés, alors que
les élections régionales battaient leur plein, les AIM relevaient la tête, tout
en sachant qu'il était nécessaire d'augmenter l'approvisionnement et la
production pour rentabiliser les charges et des salaires trop nombreux. Fin
décembre, la solution était trouvée grâce à un exportateur français qui
leur proposait de passer convention pour plus de 3500 porcs par semaine. Ainsi
l'équilibre financier conditionné par le cabinet In Extenso à un approvisionnement de 8000 porcs était
atteint. Il restait à obtenir le soutien des banques pour assurer la trésorerie
sur trois semaines, le temps qui s'écoule entre les dépenses et les recettes.
Mais vous connaissez le proverbe : « une banque ne vous prête un
parapluie que lorsqu’il fait beau ». À moins de se tourner vers Rabobank
France, un établissement néerlandais qui connaît bien l'exportateur, voire une
banque nipponne qui travaille déjà avec les clients japonais des AIM. Et
si le sauveur n’était autre qu’Hervé Morin, le nouveau président du Conseil
régional, qui a fait campagne en faveur de l’économie et des PME et PMI de
Normandie. Ce serait l’occasion pour lui de nous démontrer qu’il tient ses
promesses en garantissant l'avance
bancaire auprès de la BPO jusqu’à l’obtention de l'affacturage pour l'export. Que risque-il ? pas grand-chose
sinon de se désavouer en cas de refus, ce qui la ficherait mal pour ce
président fraîchement élu. De plus, il serait immanquablement associé à la perte de 207 emplois en cas de refus.
N’est-ce pas lui qui déclarait faire de la Normandie : « le grenier de la
France. » Au-delà du fait que le Sud Manche a soutenu Hervé Morin - ce qui
n’était pas gagné d’avance sans la mobilisation des acteurs ruraux - la région doit se mobiliser pour l'agriculture et les éleveurs de porc normand. C'est aussi le moment de passer de la parole aux actes et de redonner confiance aux électeurs d'autant que Le Foll est aux abonnés
absents.
« Il
faut gagner en politique, ou bien il ne faut pas en faire »
Raymond
Aron 1905-1983
Ce n'est plus qu'une affaire de trésorerie. Ce serait vraiment dommage qu'un coup de pouce ne soit pas donné à cette expérience qui peut devenir un franc succès. Emmanuel
RépondreSupprimerIl s'agit là d'un message d'alerte qui a vocation à faire prendre conscience également de la nécessité pour la région d'avoir une gouvernance territoriale de proximité et non seulement thématique. Le retrait du département en économie aura des conséquences négatives si la Région ne compense pas. Tout système qui nous amène à toucher en personne le président pour réagir ou son directeur général répond à une organisation ancienne qui ne correspond plus à la société actuelle. Les habitants prennent désormais l'habitude d'aller dans la rue pour se faire entendre...ce n'est pas la solution non plus.
RépondreSupprimerLa solution est celle que vous préconisez pour la nouvelle communauté. Il faut des relais sérieux et compétents sur le terrain en prise directe et permanente avec le patron. Quanj je vois qu'il faut parfois 4 à 6 mois pour qu'une décision soit prise, je comprends mieux pourquoi notre pays et ses territoires se cassent la figure
RépondreSupprimerLe temps des entreprises n'est pas celui des politiques ou de la Politique et donc de l'administration qui devrait en être la force opérationnelle.
RépondreSupprimerLe rôle à mon sens des politiques seraient de dénoncer la pression exercée sur les banques par les concurrents, voir simplement leur frilosité.
Nous retrouvons là une des raisons qui éloigne les citoyens des urnes ou des partis traditionnels ; leur incapacité à agir très rapidement et donc leur inutilité. Pour élire des marionnettes si le seul pouvoir est entre les mains des services ?
Pourquoi de pas se servir du dailly ? Les banques ont-elles le droit de refuser l'affacturage sous cette forme ?
Il existe aussi des sociétés spécialisées qui ne sont pas des banques...
Bon courage
Il faut tout revoir, tout repenser.mais pour cela, il faut du courage et de la volonté. Les français sont égoïstes, et surtout stupides en votant pour des énarques qui nous mènent dans le mur depuis 4 ans. Et vous verrez que rien ne changera.
RépondreSupprimerTous les députés ne sont pas énarques. J'en connais dans le secteur qui se moque éperdument de tout cela. Il ne pense qu'à sa réélection mais il n'est pas le seul. On pourrait supprimer 300 députés on y verrai que du bleu. A quoi servent-ils sinon á venir aux inaugurations et á distribuer un peu d'argent pour mieux tenir les élus. Tout cela est minable et ne fait pas avancer la France. Emmanuel.
SupprimerLes banques ne peuvent pas prendre tous les risques mais elles font la pluie et le beau temps.. Souvenez vous du montant des intérêts consentis pour par la banque pour le prêt de l'État aux AIM. Dans une affaire en cours générant une centaine d'emplois, la 1ère banque approchée est revenue en arrière, manifestement á cause d'une pression de clients en concurrence avec le projet.
RépondreSupprimerAllo Ici Morin.. A.I.M ???
RépondreSupprimerAvec tout ce qui vient du Sud Manche en actions politiques, Mr Morin va frôler le burn out.
RépondreSupprimerPas sûr que vous soyez assez visibles...
Nous connait-il diriez vous? Bonne question.
RépondreSupprimerPour sûr il vous connaît. Sans à priori c'est une autre histoire. Tout dépend d'où il tire sa "connaissance"...
RépondreSupprimerUn ami
Les AIM c’est avant tout une affaire industrielle et privée. Que fichent les politiques la dedans, car qui dit politique dit fonds publiques il y en a assez. Cet abattoir était mal géré au départ. De plus, Morin vient d’arriver pourquoi lui faire endosser une responsabilité que les socialistes du temps de Beauvais n’ont jamais prise. Vous même, dans vos nombreux articles avez écrit à qui voulait bien le lire que les AIM étaient sauvés. Les élus du département ont leur part de responsabilité assumez.
RépondreSupprimercdt
Tout simplement parce que ce "Monsieur" est arrivé avec des promesses. il lui faut les assumer maintenant.
SupprimerLes pouvoirs de la région sont bien plus étendus qu'il y a quelques mois, donc aucun lien avec le rôle des prédécesseurs
Par contre, je vous rejoints sur le fond. Un homme politique a la légitimité de son mandat, il n' a pas pour autant la compétence. Ce dossier ne peut que mal finir au regard des intervenants.
207 emplois au chômage, c'est au moins un coût de 2,5million d'€ par an plus la perte d'URSSAF, Taxes et effets induits en emplois et autres. Il ne s'agit pas ici de combler un déficit mais de garantir des dailly auprès de la banque au vu du bilan de la société fait par un cabinet qui a pignon sur rue. Je vous invite aussi á relire mes textes.
RépondreSupprimerJe comprends votre inquiétude, mais je suis d'accord avec le texte précédent. Une cession Dailly fait référence au sénateur du même nom qui l'a faite voter en juin 1981. C'est une forme particulière de la cession de créance, prévue par les articles 1689 et suivants du Code civil entre une entreprise et son débiteur. Si les AIM ont du mal à se faire créditer du Dailly alors que ses fournisseurs sont solvables,donc qu'il transfert sa créance, c'est que le problème est ailleurs. Mais sûrement pas du ressort d'une région en effet. En revanche, qu'elle donne un coup de pouce en sa qualité de conseil pourquoi pas.
RépondreSupprimerLa banque n'a pas d'obligations d'escompte d'une créance même dans le cadre du dailly.
SupprimerElle peut estimer que le risque est trop important et que le cédant ne présentera les garanties suffisantes en cas de contentieux sur ses créances.
La Region peut donc apporter les garanties sans sortir un seul euro de ses caisses.
Contrairement aux banques le CR n'est pas censé plier aux lobbies car il n'a pas de clients. C'est à dire que pour lui l'intérêt général prévaudra en théorie sur l'intérêt d'un grand groupe industriel qui vise la situation de monopole en profitant de la crise agricole...
Celui là même qui a toujours refusé d'appliquer les accords interprofessionnels sur la viande et la juste rémunération des agriculteurs.
Si un audit indépendant explique :
Que la situation de gestion grâce à du cost killing est plus saine ;
Que le contrat à l'export permet de dépasser le point mort ;
Que les créanciers sont des groupes solvables ;
Que les créanciers peuvent être également fournisseurs et donc involontairement solidaires de la survie des AIM ;
Que le service de la dette est assuré malgré les taux exorbitants du prêt d'État...
On comprendra difficilement que l'on sacrifie 210 emplois qui a des difficultés de trésorerie à cause :
1- des paiements d'avance ou au cul du camion pour ses fournisseurs
2- des paiements à 30 ou 40 jours (normalement 30j max) des clients (parfois les mêmes que les fournisseurs
3- des retards divers (banques, trésor etc)
En revanche, si les AIM tombent il serait intéressant de mettre dans la presse les diverses responsabilités afin que nous citoyens puissions agir derrière (banques, élus, groupes industriels, etc.) ; les mettre le nez dans leur *****.
Fidèle lecteur de votre blog, je constate une fois de plus que vous êtes le seul à monter au créneau pour défendre les intérêts du Sud Manche. Je suis consterné en regardant comment ce département qui renferme tant de richesses : une main d’œuvre de qualité, et des entreprises innovantes, peut à tel point être méprisé par ceux qui prétendent la défendre. Passé le temps des beaux discours de campagne, que se passe t’il ? Le cas des AIM que vous abordez, en est la brillante démonstration. Bien sûr, on ne peut faire endosser à Hervé Morin l’échec industriel de cette entreprise comme le souligne fort justement l’un de vos lecteurs. Il faudrait peut-être commencer par changer sa direction générale. Mais tout de même, il va lui falloir redoubler d’audace au garçon et ne pas se contenter d’organiser des séminaires pour savoir comment faire bouger la Manche. Peut être en ignore t’il l’existence qui sait ? Pendant la Bretagne fait front, et part au quart de tour si on a le malheur de s’en prendre à elle, la Normandie fait profil bas et tend l’autre joue. Elle est même en panne d’idées pour la sortir de son isolement historique. Absence de grande métropole, coincée entre le Calvados et l’Ile et Vilaine, ce n’est pas avec le Mt St Michel qu’on va se sortir les pieds de la tangue. Ni avec le Tour de France si chère à notre député et notre Conseil général excité par le départ de la grande boucle sur son sol. Mais à quel prix, et pour quelles retombées?. Non, vraiment, sans une mobilisation massive et un réveil des consciences, la Manche (qui au passage devrait peut-être se trouver un autre nom) est condamnée à végéter. D’ici peu, au train ou vont les choses nous ne verrons même plus de vaches dans les champs avec la crise agricole. Le comble c’est qu’on y vente un cadre de vie. Je dirais plutôt de survie.
RépondreSupprimerCordialement
Albert L
C'est bien VANTE et non vente vous aurez rectifié...
RépondreSupprimerVous et vos partenaires avez prévenu la Région mais ont-ils donné le moindre signe d'intérêt à la direction des AIM? Ces nouveaux élus et leur administration ont-ils conscience de l'importance de notre entreprise et de l'urgence? La France est victime de son inertie.JHL
RépondreSupprimerJe m'excuse de ne pouvoir mettre le dernier commentaire. En revanche je peux vous dire que Hervé Morin et Philippe Bas vont être partie prenante dans cette affaire. Je les en remercie. Ainsi il devrait être possible de faire un pool de banques pour s'engager dans l'export.
RépondreSupprimerSi c'est une procédure rapide. Merci à M. Morin pour sa réactivité et à vous pour l'attention que vous portez aux sujets économiques de tous les territoires du Sud Manche.
RépondreSupprimer"Un papa de 2 employés concernés"
Cdt
Une vidéo conférence a eu lieu vendredi soir, 4 mars. Elle réunissait les représentants de l'État, du CIRI, de la CDC, de la Région et du département qui est convaincu par l'étude d'in extenso, qu'il est important de soutenir les AIM,dans leur projet d'exportation qui remettrait les comptes dans le vert aussitôt. Cette aide consiste á donner confiance aux banques qui disposent des créances mais n'osent pas soutenir la trésorerie á la même hauteur sans garanties. Comment la France peut elle se remettre en selle avec une telle frilosité bancaire...?
RépondreSupprimerAvec le courage de les faire plier et une région est tout à fait capable de le faire.appelez macron
RépondreSupprimerLes banques sont certes frileuses, mais une créance sur un grand compte solvable ne pose pas de problème en terme de risques.
RépondreSupprimerRegardez plutôt au niveau des pressions de leurs grands clients concurrents et autres pressions externes...
Faudrait peut-être les signaler à la DGCCRF... s'ils ont les super balls qui vont bien pour dépouiller mails, agendas, etc des banquiers.
RépondreSupprimerLes banques sont maitres d'un jeu de quilles qu'elles sont en mesure de faire tomber à leur guise; cela dit on doit reconnaître que la BPO était là à la reprise des AIM. Elles n'étaient pas nombreuses á tendre la main. Aujourd'hui elle a besoin que les collectivités montrent qu'elles ont confiance grâce notamment au projet à l'export. Evidemment le temps presse. Il est indispensable qu'une décision de la région intervienne cette semaine.
RépondreSupprimerUne banque n'est pas là pour prendre tous les risques. Ce serait trop facile pour tout porteur de projet de faire fortune : j'emprunte, je gagne je suis riche, je perd c'est la banque qu'est ruinée.
RépondreSupprimerIl faut donc partager les risques entre les banques et l'investisseur.
Problème, l'investisseur ce sont les salariés. Ce projet nécessite donc un relai des acteurs publics normands.
Les industriels bretons ont trop d'intérêt à la fermeture du dernier abattoir industriel porcin normand.
Il n'y a que la Région Normandie qui ne comprend pas l'intérêt d'un outil industriel pour les éleveurs, l'emploi et l'économie locale...
Et pourtant, on devait voir ce qu'on allait voir sur redonner une fierté aux normands
AIM : Allo Morin, ici la Normandie conquérante....
La Normandie conquérante des portes ouvertes... par les autres.
RépondreSupprimerAu moins le prédécesseur, qu'on soit ou non de sa sensibilité, il faut le reconnaître, ne se laissait pas diriger par son administration.
Pas sûr que le nouveau soit assez pugnace pour s'engager contre l'avis de tous ses "conseils"...
Premier indice : la réactivité ; souvent preuve s'il en fallait d'incompétence.
BN
D'après le personnel la situation n'est pas stabilisée malgré vos efforts pour aider cette société. On a donc plus de nouvelles au travers de votre blog ; ce qui pour le lecteur assidu que je suis est plutôt inquiétant... Il se dit aussi que votre message n'est pas très bien passé à la région. Êtes vous autorisé à communiquer ?
RépondreSupprimerJP
je constate que vous êtes bien renseigné. Les AIM sont en plein retournement. Les clients augmentent et les fournisseurs ne demandent qu'à fournir plus de porcs. Ils pourraient en acheter beaucoup plus si la trésorerie suivait. Je ne doute pas de l'intérêt de la Région. Pour ma part je me suis retiré de la SEM IMAGINE pour des raisons personnelles que vous me permettrez de ne pas commenter. J'ai beaucoup à faire sur le plan social car la précarité ne cesse d'augmenter dans le SUD MANCHE. A cet égard chacun peut comprendre que je m'intéresse de près aux 217 emplois des AIM.
RépondreSupprimerOn ne peut pas empêcher les employés de communiquer sur ce sujet. Désolé d'apprendre que vous avez été démissionné...(*) Une victoire de votre camp politique en quelques sortes.
RépondreSupprimer(*) c'est ce qu'on dit entre gens "politiquement polis" ?
Votre interprétation n'est pas la bonne. Ma nature ne m'entraine pas toujours à la tolérance. Je n'ai pas souhaité interférer dans des négociations qui se doivent d'être sereines et utiles. 217 emplois ça mérite toute notre attention.
RépondreSupprimerQuand on entend une conseillère régionale dire ,à peine arrivée, qu'elle n'est pas là pour aider les canards boiteux , ce n'est pas respecter le travail fait aux AIM depuis la reprise ni les soutiens qu'on a reçus. A.
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