A
t-on conscience réellement de la situation économique et de la précarité du Sud
Manche à l'heure où chacun fabule sur l'avenir qu'on lui prédit avec la réforme
territoriale? Je ne le pense pas. Surtout lorsque je lis une étude commanditée
par la DIRECTTE, laquelle met en exergue le faible taux de chômage du Sud
Manche, et lorsque j'entends des élus s'en satisfaire.
Parlons
d'abord de l'exode des jeunes de 15 à 29 ans. Si nous comparons la population
des 0-14 ans de 2007 avec celle des 15-29 ans de 2012, sachant que la
baisse de natalité renforce cette comparaison, nous constatons que l'émigration
des jeunes frise les 15,4% sur les 5 années. Ajoutons à cela que le sex-ratio
qui est de 102,3 garçons pour 100 filles à la naissance passe à 111,12 hommes
pour 100 femmes entre 15 et 29 ans pendant cette même période. Pendant ce
temps, les seniors de plus de 60 ans augmentent de 8,76%. En valeur absolue,
l'arrivée des seniors compense le départ des jeunes mais à contrario, ils ne
sont plus actifs !
Evoquons
maintenant la question de l'emploi; ce n'est guère plus brillant. Entre 2007 et 2012, la baisse du nombre d'agriculteurs a été de 17,14%, alors que les pertes
d'emplois agricoles entre 1999 et 2009 ont varié entre 23 et 37% sur les
différentes communautés du Sud Manche. Ce qui revient à dire qu'au cours des 15
dernières années, la baisse a approché les 50% sur l'Avranchin et le
Mortainais.
Cette perte a t-elle été compensée?
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Oui, en partie selon les
territoires. Prenons par exemple les emplois industriels, leur progression a
été de 35% sur le Val de Sée et de 10% sur Avranches - Le Mont Saint
Michel; en revanche, ils ont baissé de 9% sur la Communauté du Mortainais, de
26% sur celle de Saint Hilaire du Harcouet, de 34% sur celle de Saint James et
de 8% sur le bassin de Villedieu les poèles entre 1999 et 2009. Sans
parler du fait que la situation ne s'est pas améliorée avec la crise ( moins
150 emplois aux AIM etc...) et pour couronner le tout le taux de créations d'entreprises par bassins d'emploi
en Normandie place le bassin d'Avranches en dernière position en 2010.
L’annonce des 52 emplois menacés à la SIREC et les restructurations ici et là ne
sont pas faites pour nous rassurer.
Pourquoi le taux
de chômage du Sud Manche est-il l'un des plus bas en Normandie?
Et bien tout
simplement parce que les jeunes demandeurs d'emplois de 25 à 45 ans quittent le
territoire pour trouver un job. Cela explique que le pourcentage de chômeurs de
plus de 50ans soit l'un des plus élevés de la Manche : Il y a 772 chômeurs
de plus de 50 ans dans l'Avranchin et le Mortainais, soit un pourcentage de
27% et de 29% dans le granvillais contre 24,9% dans la Manche et 24,2% en
Basse Normandie fin 2015. Ajoutons à cela le fait que le nombre de demandeurs
d'emploi de catégorie A de plus de 12 mois d'inscription ne cesse d'augmenter:
+13% en septembre 2015 contre seulement 9% dans la Manche. Cette progression
passe à 16% pour l'ensemble des catégories A,B et C.
Passons maintenant aux statistiques
concernant les allocataires du RSA et là, nous touchons le fond. Entre 2010 et
2014 , le nombre d'allocataires est passé de 656 à 972 sur le territoire de
solidarité du Mortainais soit une progression de 48,17%. Pas mieux sur
l'Avranchin, (territoire de solidarité du Mont Saint Michel,) où nous sommes
passés de 1234 à 1548, soit +25,44% alors que la progression n'a été que de
22,46% sur la Manche dans le même temps ( 12052 au lieu de 9841). Plus grave
encore, la durée d’encrage dans l'allocation est nettement plus importante dans
le Sud Manche; la part des allocataires dépassant une décennie dans le système est de 9,32% pour le
Mortainais et de 11,34% pour le territoire du Mont, alors qu'elle n'est que de
7,16% pour le département, soit +30,16% pour le Mortainais et +58,51% pour
l'Avranchin. Sans commentaires. En résumé, nous sommes entrés dans une
précarité durable pour ne
pas dire perpétuelle qui englobe : la précarité énergétique et de mobilité
augmentant par ricochet la précarité financière. Pendant ce temps nous sommes
encore à réfléchir et à disserter comme si rien n’était sur les périmètres de nos futures
communautés, et à idéaliser sur la meilleure façon de servir nos habitants.
Pire, nous nous interrogeons toujours sur l'utilité de créer ou non un centre
de tri de vêtements dans le Sud Manche qui nous apporterait 50 nouveaux
emplois. Déplorable !
Je suis impressionné par l'histogramme montrant le nombre de créations d'entreprises. Que font nos élus.. On va perdre aussi une entreprise de femmes sur Saint Hilaire, Chereau vient d'être vendu á des espagnols, les restaurant du Mont débauchent,etc.. JCB
RépondreSupprimerLa précarité s'installe dans la ruralité où les locations sont moins chères, mais les conditions de vie plus onéreuses..maisons mal isolées, éloignement du travail, isolement social. Les propriétaire ne font,pas d'effort pour la remise en état mais touchent les APL á la place des locataires... Sécurité á moindre frais Tout le monde s'en fout. Vos efforts tombent á plat. Vous verrez, pour le Relais, vous serez bien seul á le défendre pour le Sud Manche. C'est une honte. On se concurrence pour bénéficier des avantages de la précarité. Martine
RépondreSupprimerJ'avoue que j'ai été très étonné moi aussi de découvrir que le Sud Manche était lanterne rouge en matière de création d'entreprise. J'ai regardé ensuite où nous en étions dans le domaine des défaillances d'entreprises ces dernières années. C'est pas pire qu'ailleurs mais il y a eu des accidents qui ont fait mal. La situation du monde agricole va avoir des incidences négatives qui secoueront le Sud Manche dans les prochains mois. Il y a le feu au lac; c'est une chose de le dire; c'en est une autre de l'éteindre.
RépondreSupprimerSurtout qu'on attire pas les mouches avec du vinaigre
RépondreSupprimerOui il y a un trou noir démographique en particulier dans le Mortainais qui est enclavé par rapport aux autres zones du département. Les jeunes quittent leurs parents pour aller faire des études ou des formations ailleurs, se mettent en couple avec un(e) conjoint(e) originaire d'une zone géographique plus propice à l'emploi et ne reviennent pas. Voilà comment les villages du sud manche meurent doucement parce qu'on n'a pas pu proposer d'opportunités aux jeunes.
RépondreSupprimerLes habitants du Mortainais ont toujours été de bons électeurs mais ils ont cru au père Noël et n'ont rien vu venir. Regardez, les barrages de Vezins et de la Roche qui Boit vont être arasés.. Qui l'a décidé? Qui l'a soutenu? Le député local. Qui a élu ce député? C'est l'image d'un cercle v..
RépondreSupprimerLa triste réalité des chiffres est affligeante,et que faire ?
SupprimerTout d'abord accompagner nos entreprises "qui vont bien"et fort heureusement il y en a sur notre territoire. Il me semble que nous avons un peu tendance à les oublier, et pourtant celles ci ont des besoins mais sommes nous à leur écoute ? Je ne le crois pas.
Notre territoire dispose d'un tissu "artisanal" très important, avec un besoin en personnel manifeste ; et qui pourtant n'est pas honoré! Pourquoi ? Manque de formation tout d'abord, et là il y a un "énorme" travail de fonds à accomplir. Réforme du code du travail ensuite, car embaucher fait peur à de nombreux artisans.
Nos "amis" Britanniques ont sur ce point mis en place un contrat de travail "ZÉRO HEURE" qui porte ses fruits. Le dupliquer en France risque d'être difficile, et pourtant.....
De beaux projets existent sur notre territoire, mais trop souvent mis à mal par quelques "égos" démesurés.
L'économie s'est aussi "être" sur le terrain, et je sais que sur ce point nous pouvons compter sur vous et votre dynamisme. Mais il semble que ces qualités deviennent rares, car il est vrai que l’économie est un domaine complexe, mais passionnant, ou l'on prends des coups , puisque "agir" s'est aussi savoir prendre quelques risques, mesurés certes, mais tout de même bien présents.
Et que dire du Mont St Michel, ce haut lieu touristique dont nous ne savons toujours pas tirer profit ?
Beaucoup de choses à faire, un beau challenge pour notre territoire, à nous de retrousser nos manches.
Plus qu'ailleurs en France c'est dans les zones "sous-développées" que l'on prend la mesure de la complexité et la lourdeur administrative.
RépondreSupprimerLe capitaine de Pédalo devrait le savoir... On attend son choc de simplification.
Sur la situation du Sud Manche en particulier, quand les élus, sous formés et mal encadrés, penseront à autre chose qu'à leur réélection, ils pourront faire bloc pour leur région. Et pas seulement pour des clochers qui se videront inéxorablement s'ils diluent leurs moyens tous azimuts...
Agir en politique c'est se mettre des minorités à dos, qui en s'ajoutant au fil du temps deviennent des majorés.
Le citoyen n'a aucune vision à moyen et long terme, comme son représentant.
C est un vaste chantier qui nous attend, un pari sur l avenir qui ne verra le jour dans une dizaine d année. La Manche est tournée vers l agriculture, et tout ce vous entreprenez en matière d innovation est orienté vers ce secteur comme le prouve un article sur le manche mag de ce mois ci, alors qu il faudrait tout miser sur le développent durable. Bon courage
RépondreSupprimerLe développement durable n'est pas incompatible avec l'agriculture et l'innovation.
SupprimerBeaucoup de gens réduisent ce concept à l'écologie et accessoirement aux ENR qui, pourtant, n'en sont que de petits aspects.
Enfin, selon que vous soyez ecolo-bobo, anarchiste, révolutionnaire, ou juste pragmatique vous n'aurez pas la même vision...
On ne peut pas tout solutionner par l'économique, mais c'est un bon outil si c'est fait dans le respect des 5E et intégré à une politique territoriale.
Bien vu. Le développement durable repose Sur l'Écologie,Économie, Énergie, Esthétique, Éthique, les 5 E contractés aujourd'hui en Social, Économie, Environnement, la SÉE en quelque sorte mais l'économie en reste un axe fort dès lors qu'elle intégre le socia et l'environnement.
SupprimerNe pas oublier les transverses comme par exemple gouvernance, RSE, etc. Un peu l'éthique croisée à tous les autres paramètres...
SupprimerBonne soirée
Il est difficile pour les jeunes diplômés de revenir dans le Sud-Manche pour travailler : peu d'offres d'emplois qualifiés, mais aussi difficulté à trouver des locaux s'ils veulent s'installer, mentalité rurale difficile à bouger...
RépondreSupprimerConcernant l'agriculture, on peut toujours s'étonner de voir que ceux en souffrance, dans un système qui détruit les emplois mais aussi le bocage, ne s'inspirent pas de ceux qui réussissent dans une agriculture raisonnée, comme la ferme bio d'Avranches primée par l'UNESCO qui dégage 4 salaires sur 18 Ha...
Il semble que le développement durable soit la voie la plus prometteuse vers laquelle nous devrions tendre, la venue d'un Relais à Tirepied en est un exemple.
Bon courage.
L histogramme se base sur des données de 2010 il faut remettre les choses dans le contexte. Le sud manche malgré ses atouts est resté passif. Le Mont st Michel n'a pas ete exploite comme il aurait du l être. Au delà du constat et de la critique facile il faut construire remonter les manches et bosser tous ensembles. Quelle communauté va se construire ? Avec qui et comment ? Cessons de geindre, et agissons enfin.
RépondreSupprimerC'est bien ce qui est souhaité. Sachez tout de même qu'il n'est pas question de geindre mais d'évaluer une situation .Pour savoir se diriger il faut d'abord savoir où nous sommes.
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