Au nom de la parité
Tous les départements
sont désormais avertis des bouleversement qu'ils vont subir: un vrai cataclysme
susceptible d'éloigner encore plus les électeurs des urnes. Lors du
renouvellement des 26 conseillers généraux de la Manche en 2011, (50% des élus)
, plus de 53% des électeurs ne se sont pas déplacés; du jamais vu... sur les
cantons urbains de Cherbourg-Octeville ils étaient près de 70% à préférer aux
urnes l'invité de Michel Drucker à Vivement Dimanche prochain. Alors qu'en sera t-il pour les
élections cantonales qui se dérouleront en mars 2015 dans le cadre de la réforme
territoriale? Dans un précédent commentaire, intitulé " départementales opération bistouri" du 28 02 2013, je m'étais plu à anticiper le
découpage territorial en tenant compte des données imposées par l'État qui
réduisait le département à 27cantons, en profitant au passage pour rééquilibrer les
cantons urbains et ruraux en nombre d'habitants autour d'une moyenne de 18472 à
+ou- 20%. Mes ciseaux n'étaient pas suffisamment adaptés pour obtenir le
découpage que le gouvernement vient de nous proposer ces derniers jours.
Cherbourg s'en sort bien
En ce qui concerne
la réduction des disparités entre cantons urbains et ruraux je
n'avais pas perçu qu'elle pourrait se faire sans tenir compte de la
surface des territoires et de leur densité de population. La preuve, le plus petit canton
de la Manche sera désormais celui de Cherbourg-Octeville2 avec 15058 habitants;
les plus grands, dépassant les 21000 habitants, seront ceux des pieux, Carentan
et Avranches qui perdra du même coup la plupart de ses communes; en récompense, il intégrera l'ancien
canton de Sartilly et la commune de Jullouville, commune membre de la communauté
de communes de Granville. Surprenant! Plus fort encore, La commune- canton d'Isigny le Buat, forte
de ses 3282 habitants puisque composée de 10 très petites communes associées,
aura désormais l'honneur de donner son nom à un nouveau territoire cantonal de
17391habitants composé de 35 communes: les 15 du canton de Brécey, les 9 du
canton de Juvigny le Tertre, + Saint Laurent de Cuves, le Mesnil Gilbert,
Lingeard, Saint Michel de Montjoie, quatre communes du canton de Saint pois qui
vont rejoindre la communauté de communes du Val de Sée, et cinq communes de
l'ancien canton d'Avranches, La Gohannière, la Godefroy, Saint Brice, Saint Senier Sous Avranches et Saint Martin des Champs, communes membres de la nouvelle communauté de
communes Avranches - Mont Saint Michel. Pourquoi? Tout simplement parce
que cette commune-canton est la plus grande, Brécey n'ayant que 2177habitants.
D'autres territoires doivent s'attendre à faire marcher leur boussole. Un autre exemple, La fusion des cantons de
Lessay et LaHaye du Puits va créer un territoire de 16427 habitants qui portera le
nom de la commune de Créances; ça va faire travailler les cartographes ... Les carottes sont cuites pourrait-on dire! Le petit veinard dans cette affaire est le nouveau canton de Mortain, (15520h), qui a bénéficié de la mansuétude des découpeurs: le nom de Mortain ( 1733 h), plus central, a été
préféré à celui de Sourdeval (2782h). Ne me demandez pas pourquoi?
Un séisme
pour les territoires ruraux.
Réduire les cantons de 52 à 27 pour en
arriver à faire élire 54 conseillers départementaux au lieu de 52 aujourd'hui alors que l'on racle les fonds de tiroir pour réduire la dette,
il fallait le faire. Parité oblige avance-t-on ! Une autre explication serait une arrière pensée politique avec l'espoir pour le
gouvernement de conquérir quelques départements. Pour autant, ce n'est pas joué pour le
département de la Manche ;mais, je vous rassure, il y aura bien quelques duels à droite pour donner
l'espoir de gagner quelques cantons supplémentaires. Prenons un exemple.
Le nouveau canton de Bricquebec issu de la fusion des territoires de Bricquebec
et de Saint sauveur le Vicomte, pourrait voir un face à face entre deux
conseillers de droite actuellement en place...Pour peu qu'aucun ne se retire au
2ème tour, un binôme socialiste pourrait tirer les marrons du feu. Sur un autre territoire, les conseillers de trois anciens cantons sont concernés. L'un d'eux ayant prévu de se retirer, il en reste
deux de la majorité départementale. Dans ce cas, le nouveau canton correspondant à une nouvelle communauté, on peut imaginer que l'un d'entre eux propose d'envisager de se faire
élire à sa présidence laissant le conseil général à
son collègue. Un autre cas de figure pourrait être proposé à l'un des concurrents avec
une place sur la liste des régionales mais il n'y en aura pas pour tout le monde. Bref un grand chambardement est à prévoir. Une certitude: il y aura 27
femmes d'élues au lieu de 6 actuellement. Quant aux élus de la majorité
départementale, compte tenu des retraits pour raisons personnelles et en faisant
abstraction des nouvelles candidatures, nous pourrons en retrouver une petite dizaine au plus sur les bancs du conseil général au lieu d'une trentaine... Un véritable tsunami politique qui fera tomber beaucoup de têtes et touchera principalement les territoires
ruraux.
Vers un changement de majorité?
Tout dépendra de la réaction des électeurs; certains défendront le territoire de leur ancien canton; d'autres ne se sentiront plus concernés si leur candidat n'est plus présent; la majorité départementale s'en trouvera- t-elle ébranlée?
C'est moins sûr... À ceci près que les alliances d'hier ne changent pas avec de
nouveaux élus départementaux qui vont sentir leurs dents pousser pour mieux croquer des
responsabilités nouvelles et qu'il n'y ait pas trop de duels fratricides. En pleine période d'espérances économiques liées aux
projets en cours, du nord au sud du département, il reste à souhaiter que cette
mutation n'entraîne pas l'inexpérience et, par voie de conséquence, une
instabilité dont le département pâtirait. A suivre...
Ce n'est pas avec une telle réforme que la gauche va gagner des voix; connaissez vous un canton aujourd'hui dont le chef lieu ne soit pas en son centre. Avranches est à l'extrémité est du territoire que vous décrivez. C'est ridicule
RépondreSupprimerCher Bernard Tréhet,
SupprimerVous que j’apprécie pour les efforts pédagogiques que vous essayez de faire pour notre région, je vais faire un commentaire franchement désagréable. Commentaire moins à Bernard Tréhet qu’à l’élu du département que vous êtes.
Une première remarque : les « techno parisiens de gauche » ne valent pas mieux que les « techno parisiens de droite », ils « pondent » des réformes, drapés dans leurs certitudes arrogantes.
Reste que nous, ruraux, récupérons les effets de votre paresse politique. Cela fait longtemps que l’on se plaint de ce millefeuille qui nous conduit dans un déclin mortifère. Qu’avez-vous fait ? Réponse : rien. Sauf de vous lamenter sur les baisses de DGF quand nous savons tous que l’Etat doit réorganiser son fonctionnement et réduire ses dépenses. Vous, conseillers généraux mais surtout sénateurs et députés vous ne voulez que « le beurre et l’argent du beurre » : le beurre, c’est l’ensemble des petits privilèges liés à vos mandats électifs, l’argent du beurre, c’est de ne rien changer car vous avez peur.
Que va-t-il se passer ? Les électeurs n’iront pas voter ? Ils savent que l’on ne changera rien. Ils ont tristement raison. Rappelez-vous « Le Guépard » de L.Visconti : « Il faut que tout change pour que rien de change ». Nous entendrons le président du Conseil Général, nos députés, nos sénateurs venir pleurnicher devant les médias pour dire tout le mal qu’ils pensent de ces réformes, que je suis prêt à retenir comme imbécile. Mais vous manquez de courage. La vraie réforme serait de supprimer les mini-communes par fusion, comme la loi de 1971, loi intelligente, le permet. Rappelez-vous que nous avons 36.000 communes en France pour 65 millions d’habitants quand les Allemands ont réduit les leurs à 8.500 pour près de 80 millions d’habitants. Vous savez mieux que moi qu’une mini-commune, soit moins de 1.000 habitants, il y en a 509 dans le départements de la Manche, ne peuvent « vivre » par elles-mêmes, elles sont même anti-démocratiques. Vous, les élus, savez qu’une fusion de mini-communes peut avoir des effets salutaires. Vous avez l’exemple d’Isigny-le-Buat. Mais non ! Vous continuerez à pleurnicher et le monde rural a devenir le tombeau de beaucoup d’espérances.
Cher Bernard Tréhet, désolé pour la rudesse de ce commentaire. J’y ajoute l’expression de ma sincère amitié.
Jean-Louis Cuche
Cher ami, votre propos est souvent juste; il l'est encore aujourd'hui. Mon prochain article traitera de ce sujet. Vous savez très bien aussi qu'il y a un vide sidéral entre les paroles et les actes. Mais la France ne se joue pas dans les conseils généraux. Ce sont les parlementaires qui ont les clés des solutions. Mais comme vous le dites si bien, le changement fait peur car il peut avoir des incidences politiques non attendues. Pour autant , il importe aussi que les territoires ruraux ne deviennent pas un terrain d'Eden qui ne vit qu'épisodiquement, lors de vacances propice à la découverte de notre histoire. La ruralité fait partie du présent; elle ne doit pas être oubliée dans la société du futur
RépondreSupprimerLe Docteur Cuche aime son territoire; ses livres ont mis en valeur le Mortainais. Il écrit bien mais si ses pensées sont généreuses pour son pays elles sont un peu utopiques; il ne voit pas la réalité en face. Tout d'abord, vous venez de nous le démontrer, le conseillers généraux n'ont aucun pouvoir politique. Ce sont les parlementaires qui sont sensés faire les lois mais ils sont trop accrochés à leur voix pour changer les choses. Cela fait belle lurette qu'il aurait fallu supprimer des petites communes. Au lieu de cela on leur fait croire qu'ils retrouveront tous les pouvoirs au sein d'usines à gaz. La communauté de saint Lo a 122 élus, celle d'Avranches 82. La démocratie de proximité est en train de disparaître, la ruralité avec. Beaucoup d'élus ne se représenteront pas en mars; il est même possible que certaines communes soient dirigées par l'Etat faute d'avoir un nombre d'élus suffisants. Oui le docteur Cuche a raison à propos du courage des élus mais il se trompe de cible. Un élu du Sud Manche
RépondreSupprimerPuis-je apporter 4 précisions.
Supprimer1. Certes les députés et sénateurs font la loi. Mais quand l’assemblée intercommunale est composée de 84 membres dans le Mortainais, record battu à Saint Lô avec 120 membres, deux choses l’une : soit ils sont intellectuellement malhonnêtes pour voter de telles stupidités –ce que je ne peux croire-, soit l’exécutif (de droite comme de gauche) n’a pas d’autorité sur son administration qui sort n’importe quel décret d’application. Tristesse !!!!
2. La loi permettant les fusions de communes date du 16 juillet 1971. Elle respecte l’histoire des communes fusionnées, qui gardent leur nom sur les cartes routières ou dans l’annuaire du téléphone, et les maires délégués, membres du conseil municipal fusionné, restent officiers d’état civil et officiers de police et gardent leurs indemnités comme les maires de plein exercice. C’est ce que j’appelle une loi intelligente.
3. Quand les communes d’Isigny-le-Buat furent fusionnées en 1973, ce fut à l’initiative du conseiller général du canton, Bernard Pinel, avec l’aide du sous-préfet d’Avranches de l’époque ; le sénateur de la même époque, L. Jozeau-Marigné avait déjà freiné des quatre roues. Doux euphémisme !! On en touche pas à « mon fromage » !!
4. Cher « Elu du Sud-Manche », les conseillers généraux ne sont pas dépourvus de pouvoir politique, sinon pourquoi ne pas les supprimer ? Ils ont aussi la possibilité, moins que députés ou sénateurs, je vous l’accorde, de peser sur les réalités : s’ils le veulent, ils le peuvent aussi.
Cette conversation est très intéressante. Pour Bernard Pinel.. Tout à fait d'accord; il avait plusieurs longueurs d'avance à l'époque; son poids politique a été important au niveau de son territoire. Concernant ces nouvelles instances pléthoriques... Une absurdité. Il fallait d'abord réduire le nombre de communes. En revanche, sur le pouvoir du conseil général, son rôle de situe dans l'action de proximité. 60% de son budget est consacré au social. Pour la part je pense avoir pesé en matière de culture, de voirie, d'éducation, de social (président sud Manche pour suivi du RSA) et de l'économie. Nos dernières actions pour le mix énergétique, EMR, AIM, projet compoline.... Témoignent de mon implication. En revanche j'ai souvent écrit sur la réduction du millefeuille... C'est peine perdue... Il y a, vous avez raison, des usines à gaz indestructibles
RépondreSupprimerJe regrette, mais appartenant à une commune de plus de 500 habitants, je considère dommageable le propos du docteur Cuche sur la nécessité de n'avoir que des communes de plus de 1000habitants. Des communes actives où la vie sociétale y est conviviale et solidaire comme dans la mienne sont utiles dans cette société devenue, anonyme, égoïste et individualiste où la relation avec l'autre disparaît derrière un écran d'ordinateur. Le lien direct avec la société ne doit pas disparaître. Pas étonnant que les suicides liés à la solitude augmentent. Maria
RépondreSupprimerSujet difficile que les élus nationaux n'osent pas aborder compte tenu des conséquences politiques. Le dernier commentaire ne peut être rejeté d'un revers de main... Dans ma communauté de communes, trois communes de 500h ont leur équipe de foot. Le festival des papillons de nuit rassemble plus de 1000 bénévoles et 50000 spectateurs dans une commune de 488 h. Cette manifestation n'aurait jamais existé sans le dynamisme de Saint Laurent de Cuves.
RépondreSupprimerVous oubliez que les bénévoles des papillons de nuit ne viennent pas tous des petites communes environnantes, mais de la France entière et heureusement car le bénévolat local commence sérieusement à vieillir. Donc, je suis d’accord avec Mr Cuche, réunir des communes de moins de 500habitants ne nuirait pas à la convivialité au contraire. Mais quand allez vous enfin vous apercevoir qu’il est temps de faire bouger le pays…
SupprimerUn habitant
je ne pense pas autrement; ma réponse au docteur Cuche indique que la taille minimum des communes pourrait être de 500 habitants
RépondreSupprimerQue cet habitant ne se désole pas. Dans ma petite commune de deux cent habitants, 7 élus ne repartent pas; je serais étonné qu'il y ait beaucoup de candidats à se déclarer pour reprendre le flambeau. Ma communes sera sans doute intégrée par l'état dans une commune voisine un peu plus grande. Un autre Habitant...
RépondreSupprimerIl n'est pas certain que le canton du Mortainais soit appelé Mortain; la carte indique Mortain mais un écrit parle de Sourdeval...
RépondreSupprimerVous avez raison; je viens de vérifier... Vous devez avoir les mêmes documents que moi, je suppose.... On trouve les deux noms pour ce canton. Autant pour moi...
RépondreSupprimerL’objectif n’est pas de définir une commune de taille idéale mais de créer un outil qui permette à la ruralité de vivre en pesant sur son propre destin et en arrêtant de gaspiller l’argent des impôts locaux.
SupprimerLa méthode, c’est la fusion de communes dans le cadre de la loi du 16 Juillet 1971, fusion qui peut se faire avec l’aide de l’administration préfectorale.
Le périmètre de ces fusions pourrait être, souvent, le canton car dans les 8, 10, 12 communes qui les composent, les gens se connaissent et on souvent les mêmes problèmes.
Chaque commune d’origine élit 2,3,4 membres, au prorata de sa population, qui vont composer le nouveau conseil municipal fusionné. Un de ces membres sera aussi élu par ce nouveau conseil comme maire-délégué dans sa commune d’origine afin d’assurer la proximité si recherchée par les habitants.
Ce nouveau conseil municipal gère le budget de la commune fusionnée, commune de 3, 4 ou 5.000 habitants ce qui permet des actions autrement plus efficaces que celles des anciennes communes de 3 ou 500 habitants et parfois moins. Il permet aussi d’éviter ces gaspillages d’argent public liés à l’entretien de mairies qui faut éclairer, chauffer etc.. pour seulement 3 ou 4 heures d’usage par semaine. C’est brutal à écrire mais c’est une réalité.
Enfin, cette nouvelle commune fusionnée permet d’être entendu par les administrations de tutelle et de ne plus être à la merci des combines plus ou moins louches inventées par nos députés ou sénateurs. C’est aussi une meilleure vie démocratique.
Cette démarche collective suppose qu’un homme, une femme se lève « pour lancer la mécanique ». Les conseillers généraux seraient les mieux placés car ils connaissent parfaitement les gens et les réalités. Sauf qu’ils ne le veulent pas et les sénateurs leur disent de ne pas bouger. Alors ils ne bougent pas.
Je suis entièrement d’accord avec ce Monsieur Cuche, et l’habitant. Une petite commune ne peut rien. Le maire est souvent seul et démuni, à part quelques fêtes rurales sans intérêt elles ne proposent aucune alternative et plus grave, le maire n’a aucun pouvoir alors… Il est grand temps de réunir les communes pour faire des économies. Mais pour ça il faut que les conseillers généraux se mobilisent et montrent les dents et qu’ils arrêtent de se chamailler en ne pensant qu’à leur réélection. Il ne faut pas compter sur les sénateurs, à part les indemnités, et la soif du pouvoir, expliquez- moi à quoi peuvent-ils servir ?
RépondreSupprimerAlbert
Je vous invite à lire mon article "réforme territoriale: positivons" du 30 novembre 2012. Je parle fréquemment de cette question mais il arrive que l'on parle dans le vide. Cela dit l'idée que vous émettez comme de Docteur Cuche évolue. Soyons optimistes.
RépondreSupprimerPour revenir aux élections départementales qui se dérouleront un an après les municipales, on peut s'attendre à nouveau à des luttes politiques qui oublieront les qualités des candidats et l'intérêt du terrain car c'est bien cela dont il s'agit au conseil général dont le grand public ne connait pas vraiment le rôle. A moins que les électeurs se mobilisent pour défendre leur candidat territorial, on risque d'avoir beaucoup d'abstentions.
RépondreSupprimerPatrice Paquet.