Comme la plupart des départements, celui de la Manche éprouve le besoin de trouver les lignes budgétaires qu'il peut amputer. 2% d'économies pour le budget du Conseil général revient à trouver 11 millions d'euros, une paille qu'il faudrait plutôt rapprocher, par sécurité, des 15 millions sur les deux prochaines années d'autant que l'augmentation des dépenses sociales qui représentent plus de 50% du budget de fonctionnement est particulièrement difficile à juguler. La tentation de réduire les investissements n'est pas la solution car , en aval, c'est l'économie qui s'étiolerait. Augmenter la taxe foncière est une autre idée mais là encore les conséquences sur le budget des ménages sont contre productives. En fait, seul le développement économique et l'accroissement des richesses qu'il génère, permettent d'assurer une protection sociale convenable et, d'un autre côté, de réduire le chômage et la précarité. L'essor économique est l'assurance de jours meilleurs. Plus facile à dire qu'à faire, bien sûr, car les fruits n'en sont pas palpés immédiatement.
Pour autant, dans la situation actuelle de
l'économie française, la Manche n'a pas lieu de sombrer dans la morosité.
Depuis le 19 novembre 2012, 1190 entreprises ont été créées sur le
territoire,(500 au cours des trois derniers mois dont 75% sur le territoire
rural dans des communes de moins de 4000 habitants). Dans le même temps on
constate 108 défaillances , en redressement ou liquidation judiciaire et un
chômage qui se stabilise... Un constat qui permet de mettre cette phrase en
exergue: "Quand je me regarde, je me désole; quand je me compare je me
console." Encore faut-il bien savoir analyser les chiffres pour éviter les
déconvenues des lendemains. La comparaison entre les emplois perdus dans les
108 sociétés défaillantes et ceux créés dans les 1190 est largement positif si
l'on considère que le poste de chaque créateur est aussi un emploi gagné .
CROIRE EN LA MANCHE
La manche a des atouts : un environnement protégé,
une main d'œuvre de qualité qui préserve les entreprises de soubresauts sociaux
et une économie diversifiée portée par un tissu de petites et moyennes
entreprises bien réparties sur l'ensemble du territoire. Un tiers des salariés
manchois travaillent dans des PME, soit près de 10% de plus qu'en France. De
plus le département dispose d'atouts maîtres avec des filières bien
positionnées dont le potentiel est prometteur.. La filière électronucléaire et
la construction navale constituent le tiers des 30500 emplois industriels de la
Manche, avec Areva, EDF et DCNS. Ce secteur économique peu exposé aux aléas des
marchés mondiaux se situe principalement dans le nord Cotentin où Cherbourg
caresse le rêve d’imiter sa jumelle, la ville allemande de Bremerhaven, dont
l'économie s'est littéralement envolée, portée par les pales des éoliennes
offshore. La filière des Énergies Marines Renouvelables, EMR, avec le raz
Blanchard est un cadeau des dieux.
Neptune et Éole semblent vouloir protéger
la Manche et la Basse Normandie lesquelles entendent bien ne pas les
décevoir en accompagnant EDF, Alstom , DCNS et d'autres multinationales sur les
sentiers de la formation et de la recherche, deux voies d’avenir déjà bien tracées avec Corrodys sur Cherbourg mais également
avec le SMEL à Blainville sur mer et Actalia, anciennement ADRIA, structure de
recherche au cœur du pôle agroalimentaire du Centre Manche situé à Saint
Lô.
La filière agroalimentaire méritait bien un tel pôle. Répartie sur
l'ensemble du département, principalement dans le Centre Manche, elle
représente près de 22000 salariés, employés à la transformation des productions
agricoles locales, (lait, viandes,
légumes) au sein d'entreprises très performantes , Soleco,
Lactalys, Les Maîtres laitiers, Nestlé, Elvir.. Et bien d'autres dont le
potentiel de développement est prometteur. Pour s’en convaincre il suffit
d’analyser ces chiffres : 100
emplois agricoles de ces entreprises
manchoises génèrent 38 emplois, un chiffre susceptible d'être largement
augmenté. À titre de comparaison, la Bretagne en réunit 88. L'agroalimentaire,
c'est aussi la pêche et la conchyliculture, un secteur de production peu tourné
vers la transformation, même si Cuisimer , à Carentan , fût la première entreprise à proposer du Surimi
en France. Le homard de la Manche est labellisé; Granville est le premier port
coquiller français; et que dire des huîtres de la Manche produites dans des
eaux de qualité sur un littoral lui aussi béni des dieux.
Pour certains, la Manche se limiterait surtout au secteur de
l'industrie agroalimentaire du nord et du centre cotentin; C'est mal connaître le sud
qui dispose d’un vivier de richesses avec des marques comme Vuiton , les
Tricots Saint James, et Grandis dans le cuir et le textile. Ce territoire renferme aussi des industries de pointe dans les domaines de
l'électricité, de l'électronique, du numérique, de la chimie, de la métallurgie
et du plastique avec l'Acome et Novea, sans oublier la STELMI et Chereau leader
dans le domaine des remorques frigorifiques.. Ces locomotives tirent un convoi
économique contenant des PME implantées de longue date qui ont innové chacune dans leur domaine..
Le plus
bel exemple étant Rémi James. Cette société d'ébénisterie implantée depuis 1840 à Saint Laurent de Cuves, a commencé en fabriquant des armoires
normandes; elle emploie aujourd’hui 108 salariés et rayonne à l'international. Cette
formidable ascension, elle l’a doit à l'audace de son chef d'entreprise, à ses choix stratégiques, le
tout porté par une équipe de
collaborateurs qui partagent le même objectif : Une remise en question, au
service de l’excellence « made in Manche ». Un challenge
gagnant gagnant qui permet aujourd’hui à l’entreprise d’affronter le marché en
toute sérénité en misant sur la recherche et l’innovation. Le plus bel
exemple se traduit avec le
Sélun,
un matériau révolutionnaire composé de poudre de bois et de cellulose qui va
bousculer les codes de toute la filière, et enchanter les designers sans cesse à la recherche de
nouveaux matériaux pour laisser libre court à leur imagination.A Brécey, pour conforter
son avance, la société Alphonse James appartient désormais au groupe
Wolseley, leader dans le secteur des
charpentes en lamellé collé.
LA MANCHE SORT ENFIN DE SON SILENCE
La Manche trop longtemps demeurée silencieuse, commence à se faire
entendre, dans le concert de la communication économique, mais sans déroger à
son tempérament : avancer sereinement et sûrement. Aux côtés de ses 32000 établissements actifs et de ses 13000
entreprises agricoles et aquacoles, le conseil général s'investit dans un
partenariat économique constructif avec les chambres consulaires... Une démarche
qui s’inscrit dans la nécessité de partager des objectifs communs pour mieux
répondre aux attentes multiples et variées des chefs d'entreprises et des
jeunes créateurs. L'aménagement du territoire en fibre optique poursuit sa
progression. Comment pourrait-il en être autrement dans une économie numérique,
qui n’en est encore qu’à ses débuts. L' économie du XXIe siècle l'exige. À l'instar du gouvernement qui a compris l'utilité d'une banque
publique pour l'investissement, les collectivités territoriales se doivent
aussi de proposer des financements attractifs pour faciliter l’implantation et
le développement de l'économie sur notre territoire. La priorité d'une
entreprise n'est pas d'investir ses capitaux dans la construction mais de les
réserver à la production. C'est pourquoi
le conseil
général de la Manche envisage aussi de créer un fonds souverain avec le conseil
régional pour agir dans ce sens. Dans un contexte d'austérité il faut actionner tous les leviers de
l’économie avec prudence,certes, et concentrer ses moyens pour évoluer tout en en soutenant à la fois,
le développement endogène qui irradie durablement le territoire et les filières
prometteuses qui constituent des pôles technologiques attractifs et porteurs
d'emploi. La Manche est une terre d'équilibre qui a fait sa force; elle ne
doit pas rater sa mutation tout en respectant cet équilibre.
L'emploi est une priorité. Aider une entreprise qui crée des emplois pérennes est une bonne voie; c'est autant d'aides sociales en moins. Maria
RépondreSupprimerAider les entreprises comme vous le faites Mr Tréhet est une très bonne chose. Votre combat en faveur du développement économique de votre canton est à méditer des autres conseiller généraux ( du nord notamment) endormis sous perfusion d’AREVA et qui ne voient pas plus loin que le bout de la centrale. Je vous dis bonne chance dans vos projets, car avec un tel gouvernement plus enclin à s’acheter une paix sociale à grands coups d’aides , plutôt que de s’engager dans la voie du profit, c’est pas gagné. Et la droite n’a pas fait mieux. Les problèmes d’un chef d’entreprise passe avant tout par l’accompagnement en cas de difficultés. Il se retrouve bien seul face à la machine bancaire et administrative qui le broie. Contrairement aux grands groupes qui agitent la menace des licenciements et dans leur cas, tout rentre dans l’ordre. Pourtant ce sont les PME et PMI qui constituent le tissus économique de notre pays. Les entreprises d’état s'en fichent pas mal puisque ce sont les deniers publics qui servent à éponger leurs dettes..
RépondreSupprimerSincères salutations
La présence d'une grande entreprise est parfois stérilisante. Nous sommes heureux d'avoir l'Acome à Mortain mais vu les salaires pratiqués, peu d'entreprises se sont installées à Mortain. Comme c'est une scop, elle ne paie pas de taxe professionnelle.. De plus les employés vont à Saint Hilaire et Mortain n'a plus que 1700 habitants... Pas simple l'économie. JHL
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