Passer de l'identité à l'image, ce n’est pas une mince affaire
pour un département comme le nôtre qui a un peu oublié la première, et se brouille avec la seconde. L'identité
se forge sur des réalités mais elle est immatérielle; elle n'est ni quantifiable ni figée. Elle se modèle indéfiniment en
fonction de nos propres expériences, de nos rencontres.
L'identité est propre au sujet; il peut ainsi en modifier l’image à sa
guise. Au gré des migrations et
des événements, un territoire projette une image qui n’est pas obligatoirement celle
inscrite dans ses gènes. L’apport d’autres cultures, d’autres méthodes de travail est une
chance qu’il faut saisir pour associer passé, présent et avenir. Accueillir pour rebondir et progresser, c’est ça aussi l’image d’un
territoire.
Depuis le roi Soleil et le siècle des lumières, la France a
eu tendance à se prendre pour le nombril du monde, à se retrancher à l’ombre de
son passé glorieux oubliant les nuages qui s'accumulaient au dessus d'elle. Aujourd'hui,le temps a terni le vernis qui se fissure. Notre mépris pour les idées
nouvelles et l’ouverture au monde nous a fait perdre un temps précieux et notre avance. Désormais, l’hégémonie de la France est mise en péril; Son rayonnement a décliné progressivement, notamment depuis la seconde guerre mondiale malgré les discours enflammés des parlementaires de la 4ème république et les ambitions parasitaires des orphelins du gaullisme et du mitterandisme. Dommage, car le pays et ses provinces sont d’une telle
richesse qu’il aurait du être capable d’affronter la mondialisation en leader. Seulement voilà... nombre d'élus, petits et grands, ont parfois utilisé leurs régions comme un
laboratoire d’idées quand ce n'était pas seulement un tremplin pour les faire glisser durablement dans un fauteuil
confortable.
Clémenceau disait que : la guerre est une affaire trop sérieuse pour
être confiée aux généraux. Prenons acte. Il nous faut confier notre image à des professionnels sérieux, épris de notre territoire, pour ne pas courir le
risque de nous laisser charcuter par des mains qui
s’empresseraient de nous faire subir un lifting dans un copié-collé
pour, sois-disant gommer nos
petits défauts qui forment en r éalité nos qualités, et notre identité . Un jeu
dangereux qui nous conduirait à l’uniformité et au final à notre dilution.
C’est justement ce que nous refusons. Cultiver notre spécificité ne signifie pas
un repli sur nous-même. On le sait, les français sont viscéralement attachés à leurs
racines et les arracher est plus
difficile qu’éradiquer celles d’un bambou. L’enracinement est un comportement
naturel dans une société d’origine majoritairement paysanne. Ainsi l'identité
culturelle, géographique et économique de notre département doit nous servir à construire une image
positive et audacieuse, porteuse d’idées nouvelles et d'avenir. J’entends
régulièrement dire que nos valeurs, sont
nos atouts. Facile à dire, mais dans les faits qu’en est-il ?
NON A UNE MANCHE COURTE
À en croire certains, notre appartenance à la Normandie est une
évidence. Personnellement je n’en suis pas si sur. Pour s’en convaincre, il
suffit d’interroger l’opinion publique. À la question : citez nous deux
départements normands , la Manche n’arrive pas systématiquement dans les
réponses; il faut alors argumenter pour convaincre les plus
irréductibles que le Mt Saint-Michel
est bien normand. Un comble !
Il est urgent que ce
département se dote d’une spécificité qui l’inscrive dans un processus
marketing astucieux et vendeur du produit « Manche. » Une
opération acrobatique qui impose une étude approfondie de nos ressources
présentes et à venir. « Un Grenelle Manchois de la dynamique territoriale »
en quelque sorte. Je l’appelle de tous mes vœux. L'opération "Fabriques de la Manche" est un bon début.
QUELLE IMAGE VOULONS NOUS DONNER À L’EXTÉRIEUR
Et si nous commencions par nous interroger si l'image de la Manche
est bien définie et bien partagée par tous les manchois. Qu’ils soient habitants,
institutionnels ou professionnels ? Ils
ne sont pas différents du reste des Français; arrêtons de les dire taiseux;c'est idiot!
certes, ils cultivent un goût immodéré pour la sécurité, et sont réticents aux changements plutôt
enclins au chacun pour soi. Sauf que
chez nous, ces défauts peuvent parfois
être une chance pour la valorisation des offres locales. Mais attention;
à cultiver ce tropisme on peut regretter notre isolement sur la scène
économique nationale et internationale. Du coup, notre département en pâtit et son
développement devient la première victime de sa diversité. De la multiplicité des acteurs et des structures
qui jouent, chacun leur partition, il en résulte une cacophonie qui ne produit que
des couacs . Des fausses notes qui rendent notre communication inaudible, et
notre économie atone.
Tout le contraire de FORCES 50 qui associe tous les acteurs de
l'économie pour mutualiser les moyens dans un souci d'efficacité. Dernièrement, le président du Pays de la Baie du Mont Saint Michel, sénateur de la Manche ironisait sur ma notion d'unité. Son unité est étriquée: la mienne est départementale.
L'image de la Manche relève d’une exigence d'unité et de
concertation pour une lisibilité cohérente à l'extérieur. Le terme "La
Manche presqu'une île" était une erreur de communication en ce sens qu’elle oubliait le Sud Manche
d’une part, et qu'elle offrait une vision négative sur le plan des
infrastructures routières et ferroviaires que privilégient les entreprises pour
s’implanter sur un territoire d'autre part. Pas mieux pour " La Manche,
territoire agricole," qui flatte le monde paysan certes, mais qui ne
fait que renforcer l’idée que la Manche est définitivement accrochée à ses
troupeaux... Bien loin de
l’image de créativité et de modernité qu’elle renferme pourtant dans ses
cartons. Quid d'un département numérique
ouvert aux technologies nouvelles, aux énergies renouvelables et au
développement durable ? Rien. Faisons entrer la Manche dans le cercle de ceux qui
misent sur l’évolution, et non de ceux qui l’appréhendent. Un défi qu’il nous faut
relever en pariant sur l’indéfectible caractère normand. À condition qu’on lui
donne des objectifs clairs et cohérents. L’image d’un département passe avant
tout par ses habitants.
Bizet est pour l'unité quand il en est le centre. Il a eu bien des difficultés dans le Mortainais pour la faire; elle s'est faite en sous-main comme à l'habitude. Ce type de parlementaire a une vue passéiste et politique de l'unité et très personnelle. Il ne faut pas trouver ailleurs le retard de la Manche. V.P
RépondreSupprimerVous n'êtes pas loin de la vérité mais je préfère m'attacher à l'avenir qu'à un passé que cet élu aimerait bien maintenir contre vents et marées.
RépondreSupprimerje vous propose de cliquer sur la Manche; vous serez édifié.La mer et la Manche libre arrivent en tête; les photos sur la Manche ne donnent pas une idée du territoire; le portail tourisme est plus attractif mais il y a encore beaucoup à faire. Ce département a des qualités mais il doit apprendre à se vendre; un volet territoires serait bien utile.JFQ
RépondreSupprimerUn beau texte qui invite à la réflexion sur l’avenir de la Manche. Dommage que vous ne soyez pas à la tête de ce département. Mais il est vrai que l’on préfère les moutons au C.G. Il va pourtant falloir qu’il se bouge « Le Grand » patron.
RépondreSupprimerAndré L
Ce n'est pas toujours la place qui compte. Il importe surtout de dire ce que l'on pense pour faire avancer les choses. C'est l'objectif de ce blog... Faire réfléchir sur des sujets utiles.
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