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jeudi 7 mars 2013

Parité oblige: élections municipales



On nous promet du changement pour les prochaines élections municipales dans les communes de 500 à 3500 habitants ( 1000 à 3500 si l'Assemblée Nationale suit le Sénat) : les candidats au conseil municipal devront présenter une liste complète qui respecte la parité... un homme, une femme ou inversement.  Si la loi est votée tous les regards se tourneront vers le lobbying en faveur de la parité. J'ai la naïveté de croire que nul autre objectif se cache derrière cette réforme qui va faire grincer des dents lorsqu'elle sera mise en application en 2014. Et si la parité n'était qu'un leurre?  La réal-politique s'efface parfois devant les intérêts partisans. Nécessité fait loi! La parité serait-elle l'arbre qui cache la forêt? En tout état de cause, quelque soit l'objectif recherché, ce projet dénote une grande méconnaissance  de la France rurale. A la campagne les femmes assument souvent deux journées de travail en une. Certes, les conditions se sont améliorées mais l'absence de structures d'accueil ne favorise pas leur engagement; il faut compenser.

 Sans parler d'erreur politique, et au delà des objectifs avoués, analysons les conséquences d'une telle décision sur le terrain . Tout d'abord , il y a fort à parier que le taux de participation aux prochaines élections municipales s'effrite dans les commues rurales. Les bulletins nuls fleuriront ; ils pourront même créer des surprises. C'est tellement plus jouissif de rayer un nom  d'un trait de plume et d'assister ensuite  au dépouillement comme un gamin qui attend le résultat de sa blague.  Qu'importe si le dépouillement dure quelques heures dans une commune de 500 ou 1000 habitants. Même pour le plus mordu des fouteux , cette joute vaut bien une soirée de championnat. Pour une fois qu'on peut être à la fois arbitre et supporter... voire joueur également. Tous les partenaires sont pas des amis... En revanche, n'allez pas chercher une démarche rationnelle dans tous les choix; l'affectif et le subjectif prennent souvent l'ascendant sur la conscience politique. Et puis, à quoi bon bouder son plaisir? Après tout, cela n'arrive qu'une  fois tous les six ans; et tant pis si les meilleurs candidats restent à la porte, cela ne changera pas vraiment le cours des choses....Une vraie critique du système actuel...

En revanche, l'obligation de présenter une liste complète, un millefeuille constitué d'hommes et de femmes, est-elle opportune dans une commune rurale de 500 voire de 1000 habitants? C'est vrai que quelque part,  elle permet de construire une équipe unie et complémentaire pour plus d'efficacité. Du moins, on peut l'espérer. Pour nous rassurer, nous dirons qu'elle est une chance et un bon point pour la démocratie. Toutefois, prenons garde que cette formule ne cristallise pas les hostilités et n'ouvre pas la boîte de Pandorre d'oppositions politiques durables, réelles ou supposées, susceptibles d'attiser  les rancoeurs, au détriment de la sérénité du village. Aujourd'hui, la constitution des listes ne tient pas compte des opinions politiques et c'est bien ainsi.

 Quand à l'idée d'imposer de facto la parité, c'est autre chose. Jusqu'à présent, les dix femmes maires de la communauté de communes du Val de Sée n'ont pas eu besoin d'une loi pour exister.  Elles s'en tirent plutôt bien et savent faire entendre leur voix sans détours... On peut toujours gloser sur le pourcentage de femmes en milieu rural; force est de constater que le nombre de femmes élues en milieu rural  n'atteint pas les 50%, mais il n'est, au fond, que le reflet de celui des femmes présentes à l'Assemblée Nationale.  Reste que les candidates à un mandat municipal sont moins nombreuses que pour entrer à l'hémicycle . N'en doutons pas, beaucoup de "têtes" de listes communales auront bien des difficultés à surmonter cette carence. on peut s'attendre à de nombreuses formules de politesse pour refuser de s'engager dans la vie locale; en voici un florilège: mon emploi du temps ne me le permet pas, je veux m'occuper de mes enfants, je ne peux les laisser seuls.. avant de conclure je ne vois pas ce que je peux apporter ou bien encore la vie politique m'est insipide.. L'engagement en politique résulte toujours d'une volonté personnelle; que vient faire une loi dans cette histoire? D'autant que chaque famille a souvent sa loi, et son chef... Ne souriez pas, le régime patriarcal existe encore

 A vrai dire, chacun peut s'interroger sur les véritables raisons qui amènent le législateur à changer le mode d'élection dans les communes rurales. Certes, les élus des communes de 500 à 3500 habitants constituent une cohorte très importante de grands électeurs. Nous pouvons donc comprendre que s'implanter  dans la ruralité puisse être un but , une bonne idée en soi pour garder la mainmise sur le Sénat. Le calcul fait partie du jeu politique mais la démocratie est d'abord un objectif avant d'être un moyen d'exister; elle mérite tous les égards. Avec les présidentielles, les municipales obtiennent une forte participation électorale; en politisant à dessein le milieu rural,  il n'est pas certain que la démocratie en sorte gagnante.






5 commentaires:

  1. Anonyme3/08/2013

    Votre article tombe à pic pour la journée de la femme. La parité a bon dos. Ce n'est pas la quantité de femmes qui compte mais leur qualité et leur engagement. L'exemple et la réussite des femmes en politique est le meilleur ferment pour donner envie aux femmes de s'engager en politique. Margareth Tatcher, Indirha Gandhi , et bien d'autres.. Christine Lagarde au FMI n'ont pas eu besoin de loi pour exister. La président du MEDEF est une femme. Je préfère avoir des femmes de caractère pour nous représenter que des godillots. Il y en a déjà suffisamment par les hommes pour ne pas en rajouter. Être élue pour faire de la figuration n'est pas motivant. Près de 70% des médecins et vétérinaires sont des femmes. Nous avons mieux à faire pour la société. Maria

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  2. Il n'y a rien à rajouter Maria. Cela dit on pourrait peut être mettre des quotas pour les hommes en médecine. Ou alors relire le livre XY d'Elisabeth Badinter pour l'éducation des garçons qui perdent pied face aux filles.

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  3. Anonyme3/08/2013

    Dans le Département de la Manche, la parité est depuis longtemps une préoccupation, au point qu'on l'appelle désormais la "Marité"...

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  4. Anonyme3/08/2013

    Au fond, pourquoi pas..Comme ça elles célèbreront les mariages gays, pendant que les hommes assureront celui des lesbiennes. Vive les femmes dessinait Reiser.

    Galopin

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  5. Anonyme3/01/2014

    Il serait bien que les hommes politiques cessent de prendre les femmes pour des objets sexuels .... la parité servira simplement à remettre les points sur les i à des "hommes" qui ne pensent qu'au c... et à rien d'autres au sujet des femmes.

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