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samedi 9 février 2013

RYTHMES SCOLAIRES : VINCENT PEILLON face aux politiques et aux égoïsmes


Vincent Peillon prend conscience qu'il est  plus confortable d'être dans l'opposition que d'être ministre. Qu'il est plus glorieux d’aller  sauver le Mali que de s’attaquer au mammouth de  l'Education Nationale. Les intérêts personnels modifient les comportements. Ce n'est pas nouveau.  Je me souviens de ma rencontre au ministère de l'Education Nationale en 1983 lors d'un déjeuner avec le directeur des collèges complètement désabusé face à l'attitude corporatiste et égoïste des syndicats, fermement opposés aux réformes que pourtant 'ils soutenaient en 1981 en votant François Mitterrand. Et  lorsqu’il s’est agi de toucher aux avantages des enseignants le malheureux s’est heurté à un mur.  
Trente années se sont écoulées mais les mentalités demeurent. Elles n'ont pas varié d'un pouce. La réforme de Vincent Peillon sur  les rythmes scolaires est confrontée aux intérêts des uns et aux manipulations politiques des autres. L'enfant, lui, n’est qu’un épiphénomène dans cette histoire ! il  passe au second  plan. En 2008, les élus se sont vus imposé la semaine de quatre jours par les conseils d'école. C'est encore le cas aujourd'hui, même si la responsabilité du choix leur est   donnée. "Je ne veux pas  me mettre en opposition  avec mes enseignants" me disait récemment un maire." j'ai besoin d'eux pour ma petite école". Ce maire a du bon sens, mais en apparence seulement, En vérité il pratique la politique de l’Autruche en se cachant derrière les dépenses que la réforme va lui coûter. Un bon alibi pour son conseil et ses contribuables. C'était également l'argument des élus qui, voici cinq ans, étaient opposés à la semaine de 4 jours: la prise en charge des enfants le mercredi matin avait un coût affirmaient- ils.  ils avaient raison.  Mais alors, en quoi diffère cette dépense aujourd'hui? le retour à la semaine de 9 demi journées transfère tous les soirs de 15h45 à 16h30 ces 3heures d'activités périscolaire; la dépense sera sensiblement identique car tous les enfants n'y participeront pas. Qui plus est, les collectivités vont recevoir 50€ par élève scolarisé dans l'école, qu'elle soit publique ou privée. Franchement, l'alibi financier ne tient pas devant les intérêts éducatifs, scolaires et sociaux. Il serait aberrant de  contester  une telle réforme; personne ne peut ignorer son utilité  pour réduire la fracture sociale et combattre l'échec scolaire. Avec 144 jours de classe en France contre une moyenne de 190 à 200 ailleurs, voire plus, pouvons nous attendre des miracles des d’élèves en difficulté? Le comble, c’est que la France s’interroge toujours comment la Finlande, le Danemark , la Chine ou Hong Kong sont aux premières places en matière d'Education. Elle conteste même les évaluations.

Les enseignants quant à eux, traînent les pieds, et  renâclent à s'engager dans cette réforme.  Leurs arguments  sont d'un autre ordre mais non moins contestables. On se croirait revenu en 1880 avec l’article 7 lorsque Ferry se heurta à la résistance infranchissable menée par Jules Simon qui reprochait à Ferry d’avoir une doctrine quelconque…Décidément ! Plus près de nous, au début des années 80, le ministère de l'Education Nationale m'envoya quelques semaines au Québec afin de m’enquérir des méthodes du système éducatif outre atlantique, au cas où elles seraient transposables en France.  Je découvris qu’en effet, il existait au Canada des méthodes de management intéressantes que je m’appropriais à mon retour.  Pour le reste, l'essentiel en fait, «  le Québec n’est pas la France »; elle n'était pas en mesure de copier son système éducatif basé sur une participation et une remise en question permanente des enseignants dont le service est réalisé entièrement dans l'établissement. Le chef d'établissement, quant à lui était jugé sur l'évaluation de son projet  , qui peut même aller jusqu’à  la remise en cause de son contrat en cas d’incompétence.  Impensable en France. Comment  imaginer un seul instant un projet aussi utopique qui imposerait à un enseignant une trentaine d'heure de présence dans son école ou son collège en même temps que celui d’influer sur la carrière du chef d'établissement .
Notre système préfère appliquer la bonne vieille méthode de la relégation. Quand il est très mauvais on le change d'établissement; déplace les problèmes ailleurs, point barre. Les enseignants ont voté en bloc pour François Hollande et pour son programme qui prévoyait des créations de postes, mais  revenir à la semaine de 9 demi journées pas question. À moins de prendre le risque de se fâcher avec les syndicats jamais en retard d’une grêve…. Campés sur leurs positions les enseignants  n’en démordent pas : « les quatre jours de classe sont définitivement acquis et il ne saurait être question de les remettre en cause ».  Sans se soucier un seul instant des conséquences sur l'enfant qui est au cœur du système éducatif qui les emploie doit on le rappeler. Pour avoir suivi de près les expériences conduites sur cette question pendant quelques années par les écoles de Brécey avec les enseignants des sciences de l'éducation de l'université de Lille, je suis  infiniment  convaincu, et d’accord avec eux, de l'intérêt éducatif des 9 demi journées de classes.. Les enseignants et parents d’élèves de Brécey également, dans la mesure  ou ils ont été les seuls à maintenir  dans le département de la Manche ce rythme scolaire en l'adaptant sur des journées de 5h30. Mais il n'y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Ne nous méprenons pas,  Les syndicats luttent pour pour les profs, pas pour les élèves!


L'éducation est-elle encore l'avenir de la France ?.


Le professeur Philippe Meyrieux , longtemps directeur des sciences de l'éducation à l'Université de Lyon a toujours plaidé, avec ses collègues chrono biologistes, en faveur d’un aménagement de la journée, de la semaine et de l'année scolaire. Mais à chaque fois, il s'est heurté aux lobby politiques et corporatistes voire religieux, avec comme prétextes fallacieux des raisons financières qui ne sont que des alibis servant des partis politiques plus soucieux de leur avenir que de celui de l'enfant. Bien sûr, la  question financière  ne peut être  écartée, mais l'éducation de l'enfant n'a pas de prix. Sans parler de l’obligation morale de la collectivité qui doit  tout faire pour éviter « les orphelins de 16 heures » ou du mercredi matin évitant ainsi les effets néfastes de l'oisiveté et de ses conséquences  comme la délinquance . N'occultons pas, non plus,  les dépenses qu'elles peuvent engendrer; ce sont là des économies en perspective. Élevons nous avec pugnacité et plaçons nous au dessus de la mêlée comme le préconisaient Romain Rolland et Montherlant et ne regardons pas seulement la façade du bâtiment. Avec Voltaire entrons dans cette grande question : l'éducation ; elle est l'avenir de la France ?.









15 commentaires:

  1. Anonyme2/09/2013

    Que le système français d’éduction soit archaïque c’est une affaire entendue. D’ailleurs c’est la classe politique tout entière qui l’est !
    Ce sont les syndicats et eux seuls les grands responsables du désordre morale et économique dans notre pays. Leur rigidité et leur obscurantisme nous conduit chaque jours un peu plus dans une léthargie que nous aurons bien du mal à surmonter. En revanche le reproche que l’on peut faire aux enseignants c’est de ne pas assez d’attention à ceux qui ne suivent pas ou ont du retard, et on a le sentiment que ce n’est pas leur affaire.
    Reste les mercredi d’oisivetés comme vous l’écrivez très bien. Sur ce coup-là, c’est aux parents de prendre leurs dispositions pour faire garder leurs progénitures. Quand on veut des enfants, il faut assumer. À chacun son rôle.

    Un parent

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  2. Totalement d'accord sauf pour les parents; aujourd'hui , les conditions de vie exigent souvent que les deux parents travaillent pour s'en sortir; ils doivent évidemment assumer mais pour garder leurs enfants le mercredi matin , il est souhaitable que la collectivité offre des structures d'accueil. Sinon l'un des parents ne peut travailler; ce n'est pas le problème de tous les enseignants qui pensent d'abord à leurs conditions. Est-ce d'ailleurs une philosophie qui ne touche que les enseignants? N'est ce pas un problème de société... On pourrait parler du monde médical etc... des administrations qu'on ne peut plus joindre...

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  3. Anonyme2/09/2013

    Un beau monsieur ce Peillon qui ne fait que rejeter la faute sur le gouvernement précédent. Sur Sarkozy en particulier.C'est tellement simple.. Dans son livre Refondons l'école" qui doit sortir prochainement, il se préserve par avance en expliquant que la refondation prendra du temps. Une belle preuve d’un échec annoncé. Vous avez raison, il est plus confortable d’être dans l’opposition en crachant son venin, que de faire ses preuves. Encore que celui-là ne laissera aucune trace de son passage… Tant mieux !

    M.L

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  4. Anonyme2/09/2013

    Je suis enseignante.; je suis pour la réforme Peillon; vous comprendrez que je reste anonyme. Félicitations pour votre propos mais tous les élus ne sont pas clairs; ils ont été aux abonnés absents en 2008

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  5. Bravo Bernard pour cet excellent billet. J'y adhère totalement.
    Notre seul objectif se doit d'être l'intérêt des enfants, c'est le seul qui vaille, et en tous les cas c'est le seul qui m'anime.

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  6. Anonyme2/10/2013

    Mr.Tréhet,
    Vous n'avez quand même pas attendu le 9 février 2013 pour vous apercevoir que " les syndicats luttent pour les profs, pas pour les élèves .." ?
    Trés amicalement.

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  7. Bien sûr mais il y a des moments plus opportuns que d'autres pour le dire. En revanche je sais aussi que tous les enseignants n'adhèrent pas aux consignes des syndicats qui subissent une chute d'adhérents mais chez les enseignants comme chez les élus, le silence est parfois complice... Un silence qui se comprend car je suis bien placé pour dire qu'il faut parfois du courage pour s'exprimer autrement dans un concert de voix sensées représenter la majorité

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  8. Anonyme2/10/2013

    Vous savez beaucoup d'élus ne se battent plus car ils savent que ça sert à rien. On les écoute mais on ne les entend pas. Se battre comme Dom Guichotte , c'est de l'énergie perdue

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  9. Anonyme2/10/2013

    Ce que je lis depuis le début n'est qu'une véritable fumisterie de la part de nos élus locaux et nationaux ! Il me semble M. Thréhet que vous avez été enseignant puis principal de collège, et en même temps élu local et départementa ! Quelles sont les valeurs que vous avez défendues hormis les votres ? Quelles sont vos reelles propositions pour degraisser le mammouth de l'éducation nationale ? A un moment donné, il ne suffit pas de critiquer les gouvernements successifs mais bien faire de réelles propositions, concrètes et argumentées ! Et puis il faut arrêter de comparer des modèles d'enseignement avec nos voisins dont la mentalité et le modèle éductif familial est assez différent

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  10. C'est en effet une bonne observation; critiquer n'est pas proposer. Pour ma part j'ai écrit un livre sur l'Education intitulé "Éducation Nationale; Pouvoir et Impuissance" qui était une contribution allant vers un enseignement qui ne visait pas à demander toujours plus de moyens mais à donner de l'autonomie aux établissements pour agir efficacement; l'internat du collège de Brecey a été le plus important en France avec plus de 180 élèves de France et de l'étranger... Mais en éducation les expériences ne sont jamais analysées encore moins exploitées. En tout état de cause mon propos n'est pas de demander des moyens supplémentaire mais de donner les conditions pour être plus efficace ; les rythmes scolaires font partie de ces conditions

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  11. Anonyme2/11/2013

    J'ai lu votre livre sur l'éducation; il est trés istructif; j'adhère à vos propositions tirées de vos expériences; je vous ai connu aussi en tant que formateur des chefs d'établissement et directeurs d'écoles. Ce fut un plaisir. Maria.

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  12. Anonyme2/11/2013

    Anonyme ne sait pas lire, pire, il fait des fautes !
    Tout est écrit dans l’article de M.Tréhet, et dans son livre Éducation Nationale Pouvoir et Impuissance" que j’ai lu avec beaucoup d’intérêt. Au contraire, il a le courage de dénoncer et de proposer des voies alternatives. Peut-être trop « libérales » pour nos milito-enseignants.

    André L

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  13. Merci André L. Qui expose s'expose inévitablement.Mais il me semble important de ne pas rester silencieux sur des questions de société dont les maux viennent en partie de l'éducation et de l'instruction que nous donnons à nos enfants.Anonyme me reproche de critiquer les gouvernements successifs et de ne défendre que mes valeurs. Qu'aurait-il dit si je m'étais attaqué au programme de 1ère en sciences naturelles lorsqu'il évoque dans deux chapitres les effets de la société sur la sexualité des jeunes... accepté par le ministre en place, Luc Chatel... ou bien encore lorsque j'ai évoqué dans un précédent article les tentatives d'intégration de jeunes parisiens à la dérive au collège de Portbail? De nombreuses réformes sont faites par les uns ou par les autres sans souci des incidences.J'ai expérimenté avec succès sur ce sujet pendant toute ma carrière.Hélas les ministres appliquent souvent sans recul des idées intéressantes qui échouent faute d'avoir mis les conditions nécessaires à leur réussite. Pour ce qui est de cette réforme sur les rythmes scolaires, je considère qu'elle est nécessaire et que les collectivités doivent l'accompagner d'autant que l'Etat va donner 50 euros par enfant scolarisé aux communes.C'est sensiblement le prix de revient que la commune de Brécey a supporté cette année pour l'organisation du temps péri scolaire de 15h45 à 16h30. Je rigole quand j'entend dire que cette organisation revient à 200 euros par enfant car 50% des familles reprennent leurs enfants dés la fin des cours. Que l'organisation ne soit pas simple à mettre en place, j'en conviens mais c'est le boulot d'un maire de ne pas laisser en rade des enfants dont les parents travaillent. Bref il faut toujours réagir à la mauvaise foi.

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  14. Anonyme2/11/2013

    Je rigole aussi monsieur Tréhet; anonyme vous demande aussi ce que vous feriez pour dégraisser le mammouth. Maria

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  15. Je ferais appel à Allègre... un exemple quand même: un collège voisin a 90 enfants;il dispose d'un principal et d'un gestionnaire; l'école voisine a une centaine d'élèves; elle dispose d'un directeur qui bénéficie d'une décharge d'enseignement d'un quart de son emploi du temps;quelle proposition feriez vous?

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