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jeudi 23 février 2012

AUX URNES CITOYENS


Sauver la France, voilà  le grand objectif de ces présidentielles. Tous les candidats l'affirment. Il y a le feu à la maison. Personne ne sait qui l'a allumé mais tous s’accordent pour dire qu’ils  ont la meilleure formule  pour l'éteindre avec un minimum de pertes . Certes, le dernier locataire de l'Elysée  est désigné comme le coupable idéal pour avoir soufflé sur les braises. A sa décharge,  la crise de 2008 lui donne des circonstances atténuantes et, en bon avocat qu’il est, il saura plaider sa cause ; on peu lui faire confiance.
 Sauver la France? Oui, mais de qui et de quoi? 
De la classe politique qui ne cesse de la diviser en jouant de ses contradictions et de l'inconstance de ses électeurs qui, tantôt à droite , tantôt à gauche, aspirent au changement à peine viennent-ils de l'obtenir? Des slogans simplistes de partis qui attisent les peurs en brandissant la menace du chaos? Ou bien encore de ceux qui aboient très fort dans un micro en lançant à la cantonade des phrases assassines qui font recette chez les agitateurs de drapeaux, investis d'un esprit patriotique le temps d'un meeting?
 La France doit se sauver d'elle-même en n’offrant  pas l’image  pitoyable d'une campagne présidentielle dans laquelle chacun s'admoneste pour amuser  le bon peuple que l’on sait par nature friand d'empoignades au point d'en oublier que la musique est  orchestrée  par des équipes qui manipulent les interprètes et fabriquent les opinions.  En toute chose, il faut garder la tête froide . Souvenons nous du discours de François Fillon prononcé en Corse le 22 septembre 2007."je suis à la tête d'un État en situation de faillite" annonce t-il, la mine déconfite, le soir même au journal de 20 heures. En vérité, il ne faisait que reprendre les propos de Jean Claude Trichet, directeur de la BCE, qui affirmait un peu plus tôt que" la France est la nation la plus dépensière d'Europe". Il parlait en connaissance de cause; mis en place par Jacques Chirac, il savait que la France de son protecteur et de Nicolas Sarkozy, (qui fût son ministre des finances), vivait  au dessus de ses moyens depuis des années. Cette annonce ne surprend pas ceux qui, quelques mois auparavant, avaient entendu les déclarations de François Bayrou qui fut, le premier à dénoncer l'importance de la dette et à en prévoir les conséquences.  Pour autant, François Fillon a eu beau jouer la sincérité, la voix de son maître  le sermonna, lui rappelant expressément les préceptes d'un bon serviteur de l'Etat, fût-il premier ministre: " ne jamais dire la vérité aux français ". Comment cela? Parler de rigueur et d'austérité à l'heure du bouclier fiscal, de la défiscalisation des heures supplémentaires et des parachutes dorés,  vous n'y pensez pas. Reprenez-vous mon vieux !

Pourtant, lorsque Nicolas Sarkozy prit les rênes du pouvoir en mai 2007, il ne pouvait ignorer  le  déficit de 1211 milliards d'euros. Un chiffre qui plombait notre PIB à 64,2% . Quatre années plus tard, ce déficit passait à 1688,9 milliards soit un bond  à  85,37% du PIB. De facto, avec de tels résultats, la France  tournait le dos à ses engagement vis à vis des accords de Maastricht,  obligeant les pays de l’union européenne à maintenir le déficit annuel au dessous de 3%. De 2,3%. en 2007, il flirte aujourd'hui avec les 6%. Entre temps, bien sûr, la crise de 2008 est passée par là et bien malin celui qui se vante maintenant qu'il aurait fait mieux. Pour le moins, ce coup de semonce   ne semble pas avoir eu d’effet sur la politique menée durant ces quatre dernières années par Nicolas Sarkozy, lequel, à trois mois des élections vient faire son Mea Culpa  au journal de France 2, mardi 22 février, avec l’air d’un gamin qui a fait une grosse bêtise : "Si c'était à refaire, je  ne reviendrais pas dans ce restaurant ( Le Fouquet’s ) puisque que ça été vraiment le feuilleton de mon quinquennat" et, d’ajouter :  «  oui, j’ai commis quelques erreurs de jeunesse. On apprend avec le temps ».Une contrition qui ne manque pas de panache.   Mais prudence, il est rusé et intelligent le bougre. En lui donnant quitus pour un second mandat, il se lâchera en sachant que ce sera son dernier tour de piste. Pour l’heure,,  la maison France a des fissures, que dis-je, des crevasses…  Et ce n'est pas avec des reformes phagocytées à la dernière minute que l’on colmatera les brèches. Encore moins avec des discours intrusifs de marchands de rêve ou bien encore avec des constats d'injustice qui visent à opposer les classes sociales les plus défavorisées, lassées des promesses non tenues. D’où le taux d’abstention à chaque élection.

Il faut sauver la France, en effet.


Voter est un acte citoyen, et lorsque nous mettrons notre bulletin dans l’urne, ne perdons pas de vue  qu'il nous faut trouver chaque année 200 milliards pour rembourser la dette alors que l'impôt sur le revenu ne rapporte que 50 milliards. Cette dette correspond à 30000 euros par naissance annuelle; autant dire que nous allons laisser un héritage pourri aux générations futures? Sans parler du déficit de  notre balance commerciale qui s’élève pour l’année 2011  à 70 milliards quand l'Allemagne présente un  excédent de plus de 100 milliards; même notre voisin belge nous fait la pige.
 Plus que politique, cette élection est avant tout économique. !      

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