C'est une vraie question car le monde agricole vit d'importantes difficultés et des souffrances que nous aurions tort de minimiser. De plus les chiffres ont la peau dure... L'évolution démographique ne cesse d'être négative dans les territoires ruraux depuis plus d'un demi siècle et refuse de s'inverser. Le constat est affligeant.
Cela vaut aussi, bien entendu, pour le Sud Manche; il a été un réservoir de main-d'oeuvre pour l'industrie et a essaimé ses valeurs et ses forces vives aussi bien dans l'Ouest que dans d'autres régions françaises et à l'étranger.
En même temps, il a été et demeure un vivier d'électeurs fidèles et respectueux de l'autorité. Les promesses électorales et les attentions particulières se sont jouées de leur bienveillance, confortée souvent par des courriers de bienvenue, de félicitations ou de regrets attristés. Qui n'en a pas reçu de ses parlementaires à l'occasion de naissances, de mariages ou de décès?
Aujourd'hui, c'est un peu tard, le constat saute aux yeux. Nos campagnes se sont désertifiées faute de n'avoir pas préparé l'avenir et de ne pas s'être préoccupé à temps de la mutation de l'agriculture. Ces cinquante dernières années débouchent inexorablement sur la déstructuration des territoires et sur leur vieillissement. L'émigration des jeunes se poursuit à vive allure du fait de l'absence de structures de formation spécialisée et d'emploi.
Que faire maintenant face à l'étau d'une administration chargée d'appliquer une politique nationale et européenne qui empile les contraintes? Celles-ci s'accumulent en nébuleuses que l'on sent annonciatrices de retombées acides et stérilisantes. Chaque année, les territoires ruraux perdent près de 1% de leur population et se ferment au retour de leurs "émigrés d'hier" du fait de ne plus pouvoir y construire.
De réformes en lois, de décrets en arrêtés, de circulaires en notes de services, l'araignée administrative tisse sa toile protectrice sur la campagne française pour mieux la protéger et lui restituer l'écrin dont rêvent élus et fonctionnaires citadins à la recherche du "bonheur dans le pré" et de quelques photographies champêtres pendant que les élus des champs s'interrogent et se débattent dans les fils de la toile constituée de SCOT (Schéma de COhérence Territoriale), de PLU, de cartes communales, de SAGE (Schéma d'Aménagement et de Gestion des Eaux), de sites Natura 2000, et j'en passe, définis par des cabinets urbains et interprétés par des agents parfois zélés et soucieux d'autorité.
Pour autant, loin de moi l'idée de renoncer à réduire l'emprise des constructions sur les terres agricoles, de défendre le mitage, de critiquer la loi sur l'eau ou les directives en matière d'assainissement et de pollution... loin de moi également l'idée de ne pas soutenir la biodiversité, le principe de précaution et, plus simplement, la NATURE. Mais si "penser global pour agir local" est l'un des principes du développement durable, il importe aussi de respecter le bon sens des élus locaux et de leur donner le pouvoir d'adapter les directives à leurs territoires.
Pour corser la situation, la réforme territoriale vient à point nommé pour recentraliser les pouvoirs au sein d'instances décisionnelles, pléthoriques et éloignées du terrain, dans lesquelles les élus des collectivités locales n'auront bien souvent qu'un strapontin. Sous prétexte d'économies et d'égalité démocratique entre les secteurs urbains et ruraux, mieux représentés, le monde rural ne disposera plus que de la part du pauvre si bien qu'il aura, désormais, beaucoup de difficultés pour se faire entendre d'autant que le conseiller territorial, nouveau professionnel de la politique, n'aura vraisemblablement plus de véritable lien avec les collectivités locales qu'il représentera au Département et à la Région.
De plus, pour peu que ces élus soient aussi ignorants du monde rural que Bruno LE MAIRE, notre ministre de l'agriculture, qui vient de se montrer incapable de reconnaître un dindon à son glou glou ou, pire encore, de convertir un hectare en mètres carrés, nos campagnes auront alors de nombreux soucis à se faire à moins de les obliger à faire un stage en milieu rural avant de se faire élire.
Soyons donc très attentifs à l'avenir car les dindons de la farce ne seront peut-être plus seulement les gallinacés.
Je suis d'accord avec vous Monsieur Tréhet. Nous, petites communes, qu'allons nous devenir? D'ici quelques années, à ce rythme là, nous n'existerons plus. Nous serons toujours là, mais nos désirs, nos voix, ne seront plus écoutées et les hyper structures décideront pour nous.
RépondreSupprimerPourtant la force de notre pays, ce qui fait son charme, ce sont ces villages et les gens qui y habitent (qui peuvent encore y habiter devrais-je dire). Cette décentralisation ne serait-elle pas à long terme tout son contraire : moins d'hommes de terrain, des lois et des décisions de responsables politique avec aucune proximité, donc aucune compréhension des vrais attentes et des vrais problèmes, nos problèmes. Alors oui, nous devons réellement nous poser cette question d'avenir, car demain il sera trop tard.
et que dire sur sa définition d'un hectare !?!?
RépondreSupprimeril est vraiment temps que l'on change la façon de donner des responsabilités au plus haut niveau du pouvoir .
et pourtant il existe dans les milieux professionnels et associatifs en région des hommes et des femmes de valeurs .
leur seul défaut est de ne pas sortir de l'ENA, école à la pensée unique quelque soit l'étiquette politique .
mais est ce véritablement un défaut ?
à mon sens non .
vous avez raison de vous INDIGNER ......
Paul Valéry pensait que " le diplôme était l"ennemi mortel de la culture". Pour le moins il ne peut-être une fin en soi.
RépondreSupprimerIl doit-être un tremplin qui donne le désir d'en savoir plus et de permettre à l'homme instruit de se rendre compte qu'il a encore beaucoup à apprendre.
C'est alors qu'il deviendra modeste et saura écouter l'homme de bon sens qu'il rencontrera sur le terrain s'il prend le temps de s'y rendre.
Il pourra alors écouter les dindons et découvrir que, limiter la surface constructible des communes rurales à 1 ha pour les dix prochaines années ( diktat des SCOT), c'est priver les territoires ruraux d'avenir et refuser de faire confiance au bon sens des élus locaux.